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Mobilisation nationale et internationale contre la guérilla - Appel du pape
Colombie : sous pression, les FARC vont libérer trois otages de plus "en reconnaissance" à Chavez

BOGOTA, dimanche 3 février 2008 (LatinReporters.com) - La guérilla marxiste colombienne des FARC a annoncé le 2 février son intention de libérer trois nouveaux otages, des ex-parlementaires séquestrés depuis 2001. Ils seraient remis en Colombie, à une date indéterminée, "au président [vénézuélien] Hugo Chavez et à la sénatrice Piedad Cordoba" ou à leurs "délégués". Cette annonce survient peu avant la mobilisation nationale et internationale du 4 février contre la violence des guérilleros, cibles d'une forte pression populaire et diplomatique.

"Association stratégique" et appui "inconditionnel" offerts le 23 janvier 2008 à Madrid au président colombien Alvaro Uribe (à gauche) par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement espagnol (à droite), témoignent peut-être du discrédit croissant de la guérilla marxiste des FARC.
Photo Presidencia del Gobierno

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Les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) détiennent, selon le gouvernement de Bogota, plus de 700 otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, enlevée le 23 février 2002. La quasi totalité de ces séquestrés, dont des femmes et des enfants, ne devraient être libérés que contre paiement d'une rançon. Seule une quarantaine d'entre eux, qualifiés comme Ingrid Betancourt d'otages "politiques", sont destinés par les FARC à un éventuel "échange humanitaire" contre les quelques 500 guérilleros emprisonnés, y compris deux chefs rebelles extradés et condamnés aux Etats-Unis.

Le 10 janvier dernier, deux de ces otages "politiques", les Colombiennes Clara Rojas, proche collaboratrice d'Ingrid Betancourt, et Consuelo Gonzalez de Perdomo, ancienne députée, étaient libérées unilatéralement dans le cadre de tractations menées par la sénatrice colombienne de gauche Piedad Cordoba et par le président du Venezuela, Hugo Chavez. Celui-ci appréciait visiblement ce cadeau médiatique après son premier échec électoral, le 2 décembre 2007 au référendum sur sa réforme socialiste de la Constitution.

Hugo Chavez a clamé le 11 janvier ses affinités idéologiques "bolivariennes" avec les guérillas colombiennes d'extrême gauche, appelant la communauté internationale à retirer tant les FARC que l'ELN (Armée de libération nationale) des listes d'organisations terroristes.

La libération des otages passe "avant toute autre considération" affirme le ministre colombien de l'Intérieur et de la Justice, Carlos Holguin. Il assure que son gouvernement accordera "toutes les facilités nécessaires" à la prochaine triple libération. Les FARC l'annonçaient dans ce communiqué daté du 31 janvier et diffusé le 2 février, notamment par l'agence ANNCOL:

"1. En reconnaissance de leurs efforts persistants pour concrétiser un accord humanitaire [qui permettrait l'échange d'otages "politiques" contre les guérilleros incarcérés; ndlr], nous voulons solliciter le président Hugo Chavez et la sénatrice Piedad Cordoba de recevoir, personnellement ou par l'intermédiaire de délégués et en territoire colombien, les [anciens] parlementaires [colombiens] Gloria Polanco de Losada, Luis Eladio Perez et Orlando Beltran Cuellar, que nous libérerons unilatéralement vu leur état de santé.

2. Pour garantir le succès de cette gestion et prévenir les dangers qui l'entoureront, nous devons organiser les mécanismes nécessaires avec un délai suffisant. Nous travaillerons sans hâte et sans relâche.

3. Ces libérations sont une conséquence directe de l'effort réaliste, intégral et transparent du président Chavez et d'autres gouvernements de pays amis, à la recherche de solutions politiques de fond à la crise humanitaire et au conflit qui lacère la Colombie et qui affecte tout le continent.

4. Notre décision de concrétiser un échange humanitaire intégral, comme unique façon d'obtenir la liberté de tous les prisonniers de guerre, se maintient, se renforce et s'élève aujourd'hui plus que jamais au-dessus de l'offensive gringa
[américaine] et uribiste [Alvaro Uribe est le président de la Colombie] contre les FARC.

5. Rien ni personne ne peut démentir l'impunité criminelle avec laquelle a perpétré et prétend continuer à perpétrer des délits la classe dirigeante colombienne, ni moins encore l'infâme et humiliante ingérence du gouvernement des Etats-Unis dans nos affaires internes. Tant que cela durera, notre décision de combattre continuera à croître chaque jour, contre les dirigeants politiques corrompus et pour la souveraineté nationale.

6. La tâche du libertador Simon Bolivar n'est pas encore conclue!


Secrétariat de l'Etat-Major Central
FARC-EP
Montagnes de Colombie, 31 janvier 2008"


Au-delà de sa phraséologie antiaméricaine et bolivarienne qui flattera Hugo Chavez, allié d'autant plus nécessaire que le Venezuela et la Colombie partagent 2.219 km de frontière commune, l'état-major des FARC cherche sans doute, en annonçant ces prochaines libérations, à réduire l'effet des manifestations convoquées pour le 4 février dans 45 villes de Colombie et plus d'une centaine de villes d'autres pays sous les slogans "Un million de voix contre les FARC" et "Assez d'enlèvements! Assez de mensonges! Assez de morts! Non aux FARC!"

Même à Caracas, on manifestera contre les FARC

Convoquées théoriquement par de simples citoyens colombiens via Internet, ces manifestations ont aussitôt été appuyées par de grands médias et par le gouvernement de Bogota. Le président Alvaro Uribe défilera lui-même à Valledupar, ville du nord-est de la Colombie. Il a appelé ses concitoyens à éviter d'afficher des slogans hostiles à tout "pays frère et voisin". Une allusion claire au Venezuela où Hugo Chavez se déclarait samedi "en alerte" avec son armée. Il prétend que son pays risque d'être agressé militairement par la Colombie et les Etats-Unis.

On dira non aux FARC à Bogota, Mexico, Madrid, Barcelone, Londres, Rome, Paris, Tokyo, New York, etc. et même à ... Caracas! A la veille de cette mobilisation internationale, le pape Benoît XVI a lancé, dimanche au Vatican lors de l'Angélus, un appel à la réconciliation en Colombie et à la fin de la "souffrance inhumaine" infligée aux séquestrés.

Afin d'exprimer aussi leur rejet de la violence, mais sans appuyer les "postulats guerriers" qu'ils prêtent au président conservateur Alvaro Uribe, le Polo Democratico Alternativo (PDA), principal parti de la gauche colombienne, et divers syndicats se rassembleront séparément à Bogota sous le mot d'ordre "Pour l'accord humanitaire, non à la guerre, non à la séquestration", sans citer les FARC. Des parents d'otages s'uniront à cette protestation alternative. D'autres se contenteront d'assister à un office religieux. Les familles des séquestrés redoutent un durcissement de la guérilla. Les Betancourt détestent en outre Alvaro Uribe.

C'est pourtant la pression de ces manifestations qui semble avoir poussé les FARC à annoncer de nouvelles libérations. La pression est aussi diplomatique. Fin janvier, Alvaro Uribe recevait à Paris, à Bruxelles et à Madrid l'assurance que les FARC sont toujours considérées comme terroristes par l'Union européenne, malgré l'appel à leur reconnaissance lancé par Hugo Chavez.

Le chef de l'Etat vénézuélien est soupçonné par des analystes politiques colombiens d'utiliser le drame des otages des FARC afin d'étendre en Colombie sa révolution dite bolivarienne. La crise entre Bogota et Caracas a porté aux nues la popularité intérieure d'Alvaro Uribe. Elle atteindrait un record historique de plus de 80% selon le dernier sondage Gallup. Par contre, celle du président Chavez frôle à peine 40%. Ses opposants vénézuéliens l'accusent de recourir à un "nationalisme désespéré" anticolombien pour masquer les échecs de sa gestion.

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