France, Allemagne, Espagne, Etats-Unis et UE contredisent le Venezuela
Colombie - Echec de Chavez : les FARC toujours terroristes aux yeux du monde
MADRID, mercredi 16 janvier 2008
(LatinReporters.com) -
La communauté internationale a infligé un échec diplomatique au président du Venezuela, Hugo Chavez, en rejetant ou en ignorant son appel du 11 janvier
à reconnaître et à retirer des listes d'organisations
terroristes les guérillas colombiennes d'extrême gauche des
FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et de l'ELN
(Armée de libération nationale).
Le rejet manifesté par la France est particulièrement remarqué
vu que son président, Nicolas Sarkozy, entretient une relation directe
avec Hugo Chavez pour tenter d'obtenir la libération de la plus célèbre
otage des FARC, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.
L'Espagne, l'Allemagne, les Etats-Unis et le chef de la diplomatie de l'Union
européenne (UE), Javier Solana, ont également rejeté
l'appel du président vénézuélien. Même
en Amérique latine, Hugo Chavez n'a pas été suivi, sauf
par le Nicaragua.
Le 11 janvier dernier, au lendemain de l'arrivée à Caracas
de Clara Rojas et Consuelo Gonzalez, deux otages colombiennes relâchées
après 6 ans de séquestration par les FARC grâce au président
Chavez, ce dernier appelait "les gouvernements du continent [américain]"
et "l'Europe" à reconnaître et à ne plus considérer
comme terroristes les guérillas colombiennes.
"Les FARC et l'ELN ne sont nullement des corps terroristes, ce sont des
armées, de véritables armées qui occupent un espace
en Colombie... Ce sont des forces insurgées qui ont un projet politique,
qui ont un projet bolivarien qui, ici [au Venezuela], est respecté"
estimait alors Hugo Chavez lors de son message annuel à la nation
prononcé à la tribune de l'Assemblée nationale, le Parlement
monocaméral vénézuélien.
Jamais Hugo Chavez n'avait exprimé aussi clairement et solennellement
ses affinités idéologiques avec les insurgés marxistes
et guévaristes colombiens. Il souhaite, selon lui pour donner une chance à la paix,
que les deux guérillas
se voient reconnaître un statut de force belligérante, auquel
sont attachés des droits politiques et diplomatiques. Nombre d'analystes
en ont déduit que l'intervention théoriquement humanitaire
du président Chavez dans le drame des otages en Colombie répondrait
en réalité à son ambition politique d'intégrer
ce pays voisin dans le projet d'expansion régionale de la gauche radicale
et antiaméricaine dite bolivarienne.
Si seules les FARC, principale guérilla colombienne, sont citées
dans la plupart des réactions négatives à l'appel de
Hugo Chavez, aucune indulgence n'y apparaît en faveur de l'ELN. C'est
en 2002 que l'Union européenne a inscrit les FARC sur sa liste des
organisations terroristes. En conséquence, théoriquement, cette
guérilla ne peut notamment pas avoir de représentation dans
l'UE ni ses membres y circuler librement ou y effectuer des transactions
financières. Un membre des FARC identifié sur le territoire
de l'UE devrait en principe être arrêté.
"Le réexamen de l'inscription des FARC dans cette liste
[des organisations terroristes] ne serait envisageable que dans le cadre
de la libération de tous les otages [selon Bogota, les FARC en
détiennent plus de 700; ndlr] et d'un processus de retour à
la paix civile en Colombie. Autrement dit, cela dépend du comportement
des FARC. Tant que les FARC détiendront des otages, cette proposition
[du président Hugo Chavez] est pour nous hors sujet" affirmait
le 15 janvier à Paris Pascale Andréani, porte-parole du ministère
des Affaires étrangères de la République française.
Le même jour, la chancelière allemande Angela Merkel se déclarait
"très sceptique" quant à la proposition du président
vénézuélien. Elle a rappelé que modifier la liste
des organisations terroristes est une décision relevant de l'UE [par
consensus des 27 pays membres; ndlr]. "De nombreuses disparitions
continuent à se produire" en Colombie ajoutait Mme Merkel.
L'Espagne ne va pas modifier sa position à propos des FARC, position
qui est celle observée actuellement par l'UE, affirmait en substance
le 14 janvier à Madrid Miguel Angel Moratinos, ministre des Affaires
extérieures dans le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez
Zapatero. L'Espagne est pourtant, avec la France et la Suisse, l'un des trois
pays qui a tenté le plus, ces dernières années, de favoriser
en Colombie un échange humanitaire d'otages de la guérilla
contre des guérilleros emprisonnés.
"Ce serait une erreur très grave" de reconnaître les FARC
et de les retirer de la liste d'organisations terroristes a estimé
le même 14 janvier Javier Solana, socialiste espagnol qui est aussi
et surtout le principal responsable de la diplomatie de l'UE en sa qualité
de Haut représentant de l'Union européenne pour la Politique
extérieure et de Sécurité commune (PESC). Selon lui,
il n'y a pas de circonstances incitant "à prendre en ce moment
des décisions sur une question qui est déjà décidée".
Quant aux Etats-Unis, ils n'ont surpris personne en citant Javier Solana
pour appuyer sa recommandation d'éviter une "erreur très
grave". Le porte-parole du département d'Etat américain,
Sean McCormack, considère que les FARC "ont gagné leur place
sur la liste du terrorisme". La séquestration en Colombie par
les FARC, depuis février 2003, de trois Américains collaborateurs
du département de la Défense n'entame donc pas, officiellement
du moins, la fermeté des Etats-Unis à l'égard des organisations
qu'ils considèrent officiellement comme terroristes.
En Amérique latine, le Pérou a épaulé la Colombie
pour rejeter l'appel de Hugo Chavez en faveur des FARC. Le président conservateur colombien, Alvaro Uribe, a néanmoins
affirmé qu'il "serait le premier à ne plus qualifier les
FARC de terroristes et le premier à demander au monde, comme contribution
à la paix, de ne plus les appeler terroristes" si cette guérilla
"démontrait de bonne foi qu'elle veut négocier la paix".
L'Argentine, amie du Venezuela bolivarien, ainsi que la Bolivie et l'Equateur, alliés
du socialisme dit du 21e siècle prôné à Caracas, ont
préféré ne pas politiser le drame humain des
otages de la guérilla colombienne et ont donc maintenu une certaine distance à
l'égard de l'appel de Hugo Chavez. "La fin ne justifie pas les
moyens. Il est inacceptable que des personnes soient séquestrées"
a même lancé le président équatorien Rafael
Correa.
Seul le président sandiniste du Nicaragua, Daniel Ortega, a applaudi
Hugo Chavez. Conclusion: fiasco diplomatique intercontinental pour le président
du Venezuela.
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