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Neuf pays, dont la France et la Suisse, dans la mission organisée par le Venezuela
Feu vert de la Colombie au plan Chavez pour libérer 3 otages des FARC

BOGOTA / CARACAS, jeudi 27 décembre 2007 (LatinReporters.com) - Clara Rojas, proche collaboratrice politique d'Ingrid Betancourt, et son fils Emmanuel né en captivité il y a près de quatre ans, ainsi que l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez sont les trois otages colombiens de la guérilla marxiste des FARC qui devaient être libérés jeudi ou vendredi lors d'une mission humanitaire organisée par le président Hugo Chavez du Venezuela. Neuf pays, dont la France et la Suisse, y sont engagés sous l'égide du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

Le président vénézuélien Hugo Chavez présente son plan de mission humanitaire pour la libération en Colombie de trois otages de la guérilla des FARC (Caracas, 26 décembre 2007) - Photo Alfonso Ocando - Prensa presidencial

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Des représentants désignés par les présidents du Venezuela et de la Colombie et par leurs homologues de sept autres pays sollicités par Hugo Chavez -Argentine, Bolivie, Brésil, Cuba, Equateur, France, Suisse- avalisent et garantissent en y participant la mission opérée en Colombie avec des avions et hélicoptères vénézuéliens. L'Argentine est représentée par l'ex-président Nestor Kirchner, la France par son ambassadeur à Caracas, Hadelin de La Tour-du-Pin, et la Suisse par son ambassadeur Armin Ritz, également en poste dans la capitale du Venezuela.

Expliqué mercredi à Caracas par Hugo Chavez lors d'une conférence de presse, le plan opérationnel vénézuélien a aussitôt reçu le feu vert de la Colombie, à la seule condition que "les aéronefs utilisés dans cette mission humanitaire portent les emblèmes de la Croix-Rouge Internationale" a indiqué le ministre colombien des Relations extérieures, Fernando Araujo, lui-même ancien otage des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Selon une déclaration du porte-parole de l'Elysée diffusée jeudi à Paris, "le Président de la République [française, Nicolas Sarkozy] réaffirme son espoir que la libération de ces trois otages sera suivie rapidement d'autres libérations. Dans la continuité de ce premier geste positif, il réitère son appel au chef des FARC, Manuel Marulanda, pour que soit désormais libérée Ingrid Betancourt et tout autre otage dont l'état de santé justifierait ce geste humanitaire immédiat".

Par la même déclaration, Nicolas Sarkozy "remercie le président Chavez pour ses efforts et pour son initiative, qu'il soutient pleinement, ainsi que le président [colombien Alvaro] Uribe pour le sens des responsabilités dont il fait preuve en faisant prévaloir la nécessité humanitaire sur toute autre considération".

Décollant du Venezuela, avions et hélicoptères devaient faire escale à Villavicencio, capitale du département colombien du Meta, à 100 km au sud-est de Bogota, avant que seuls les hélicoptères ne poursuivent leur route vers le lieu non révélé de la remise des trois otages pour les emmener au Venezuela.

Dans un communiqué annonçant le 18 décembre la prochaine libération unilatérale de Clara Rojas, de son fils Emmanuel et de l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez, la guérilla des FARC posait la condition qu'ils soient remis à Hugo Chavez ou à toute personne qu'il désignerait. Le mouvement rebelle entendait ainsi offrir une "réparation morale" ("desagravio") au chef de l'Etat vénézuélien, sèchement révoqué, le 21 novembre par le président colombien Alvaro Uribe, de son mandat de médiateur devant faciliter l'échange humanitaire de 45 otages dits "politiques" de la guérilla contre quelque 500 guérilleros emprisonnés.

Mercredi à Caracas devant la presse, le président Chavez a prétendu que sa révocation, qu'il attribue aux pressions des Etats-Unis sur la Colombie (alors que le président Uribe avait invoqué un contact non autorisé de Hugo Chavez avec le chef de l'armée de terre colombienne), aurait dynamité une "formule déjà concrétisée prévoyant la libération de tous [les otages politiques des FARC] y compris les trois gringos (Américains)".

Le retour de Hugo Chavez au premier plan de ce dossier, grâce notamment aux pressions exercées sur la Colombie par la France et plusieurs pays latino-américains, est pour le président vénézuélien une victoire diplomatique et politique dont profitent aussi les FARC, alliées idéologiques de la révolution dite bolivarienne menée au Venezuela par Hugo Chavez. En présentant sa mission humanitaire négociée avec la guérilla, le président Chavez a estimé que les FARC ont "un projet politique" qui pourrait être considéré en fonction "du nouveau moment politique que vit l'Amérique latine". Hugo Chavez se démarquait ainsi de l'appellation "terroriste" qui frappe officiellement la guérilla marxiste en Colombie, aux Etats-Unis et dans l'Union européenne.

L'agence de presse ANNCOL, porte-parole habituel de la principale guérilla colombienne, qualifiait jeudi de "triomphe retentissant des FARC" l'acceptation "obligée", par le gouvernement colombien, de la mission organisée par Hugo Chavez.

En acceptant le plan Chavez de mission humanitaire, la Colombie remerciait officiellement "le gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela et en particulier le président Hugo Chavez de leur intérêt pour la libération unilatérale et inconditionnelle des trois séquestrés". Le président Chavez a offert pour sa part, pour autant que Bogota y consente, la reprise de sa médiation avec les FARC pour aboutir à un échange humanitaire de prisonniers et, au-delà, pour jeter les bases d'un accord global de paix qui mettrait fin en Colombie à 43 ans de conflit intérieur.

Ces déclarations nourrissent à Bogota un optimisme inhabituel sur de prochaines libérations d'otages, dont celle éventuelle d'Ingrid Betancourt, enlevée le 23 février 2002 avec Clara Rojas. Le geste actuel des FARC n'a pour précédent d'importance que la libération unilatérale en juin 2001 de plusieurs centaines de soldats et policiers. Comme aujourd'hui, la guérilla recherchait alors, en contrepartie de sa relative mansuétude, l'internationalisation du dossier du conflit colombien et une visibilité médiatique la sortant, à ses yeux, de l'opprobre jeté sur les "terroristes".

Selon un bilan dressé le 11 décembre dernier à Washington par le vice-président colombien Francisco Santos, qui s'exprimait en session extraordinaire du Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains, les FARC auraient séquestré au cours des onze dernières années (1996-2007) 6.836 Colombiens, dont 304 enfants. Parmi ces otages, "au moins" 346 seraient morts en captivité et on ignore le sort de 750 autres.

"Dans certains cas, les ravisseurs ont eu l'extrême cruauté de se faire payer [une rançon] pour fournir des preuves de vie ou rendre les cadavres" a affirmé Francisco Santos.

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