Par EDUARDO MACKENZIE
Journaliste
Le deuxième échec en cinq ans de l'État français,
après l'envoi d'un avion médicalisé en Colombie pour
secourir Ingrid Betancourt et d'autres kidnappés malades au
pouvoir des Farc, semble n'avoir servi à rien. Il y a des échecs
grâce auxquels on apprend, au moins, quelque chose. Dans ce cas,
non. L'inanité des déclarations des responsables français
après l'annonce du retour bredouille du Falcon 50, stationné
inutilement à Bogota depuis le 3 avril, permet de penser que Paris
n'a pas profité de l'occasion pour saisir l'essence du problème
et accepter de réviser sa doctrine sur les Farc, si l'on veut aider
à la libération des victimes de celles-ci.
La frivolité des formules choisies par le ministre Bernard Kouchner
pour expliquer cet échec confirme que Paris, malgré le coup
subi, assume ceci comme un match reporté et non pas comme une énième
démonstration de la volonté des Farc d'exploiter à fond
et à très long terme le calvaire d'Ingrid Betancourt. «
Sans l'accord des Farc sur cette mission tellement précise, motivée
par l'urgence de la situation humaine et médicale d'Ingrid Betancourt,
nous n'avons, pour l'instant, aucune possibilité », a dit Kouchner.
Pour l'instant? Faut-il comprendre alors que les Farc pourraient être
sensibles sous peu à la « situation humaine » de leurs
victimes et reculer devant les appels de la raison?
En évoquant une idée du président Nicolas Sarkozy,
le ministre français a estimé que le « rejet »
des Farc était « une faute politique grave en plus d'une tragédie
humanitaire». Est-ce ainsi que le pouvoir français voit ce que
font les Farc avec leurs kidnappés? Comme une « faute
politique grave » ? Et non comme un acte de barbarie, insupportable
pour la conscience universelle, comme un crime de lèse humanité[1],
imprescriptible, qui mérite la plus grande sévérité
de tout État de droit? Au fondateur de Médecins sans Frontières
nous lui connaissions une plus grande capacité d'indignation. Celle-ci
est-t-elle devenue une chose du passé ? Le froid syllogisme de Kouchner
face à l'action monstrueuse[2] des Farc surprend beaucoup d'observateurs.
Kouchner aurait-il été capable de dire, en 1975, que les massacres
ordonnés par Pol Pot constituent juste «une faute politique grave»
et une «tragédie humanitaire»?
La France a envoyé son Falcon 50 à Bogota après que
le président Sarkozy ait exigé du chef des Farc, Manuel Marulanda,
pour la deuxième fois, la libération d'Ingrid Betancourt. Les
Farc ont-elles promis de contacter les émissaires à Bogota pour
y continuer l'opération ? On ne sait rien et les questions s'accumulent.
Quel était l'objectif de la mission humanitaire ? Libérer Ingrid
et les autres kidnappés malades ou leur donner simplement des
soins médicaux et les abandonner de nouveau au pouvoir des ravisseurs
? Aucune explication sur ces points n'est sortie de la bouche d'un responsable
français et pas même des éditorialistes parisiens, pourtant
habitués à ergoter sur tout et n'importe quoi. Rien non plus
sur les rumeurs inquiétantes (mais non confirmées) quand au
délabrement de la santé d'Ingrid[3] qui ont précédé
l'envoi précipité du Falcon 50.
Personne ne semble vouloir parler non plus des similitudes avec ce qui s'est
passé le 9 juillet 2003, quand Dominique de Villepin, alors premier
ministre, avait expédié à Manaus, Brésil, dans
le secret le plus total, onze militaires et diplomates à bord d'un
Hercules C-130, pour libérer l'ex candidate présidentielle colombienne[4].
À cette occasion, la technique de la rumeur sur le décès
« imminent » de celle-ci avait été utilisée
à fond par les Farc. Personne ne paraît savoir à présent
que le résultat de ce fiasco a été la détérioration
encore plus grave des relations entre Bogota et Paris.
A cette époque, les Farc avaient accusé le président
Alvaro Uribe « d'avoir inventé » le bruit selon lequel
les Farc voulaient libérer Ingrid Betancourt « avant qu'elle
ne meure ». Paris et la famille Betancourt avaient avalé cette
explication -que Bogota a rejetée sans grand succès- et la méfiance a augmenté entre les deux gouvernements[5]. Cette fois, en 2008, les
Farc répètent la même prescription : la mission a échoué,
dit la direction des Farc, parce que celle-ci « n'était pas
le résultat d'une concertation mais de la mauvaise foi d'(Alvaro)
Uribe par rapport à l'Elysée, et une vile moquerie quant
aux espoirs des parents des prisonniers ».
Le signal est celui-là : Uribe doit être puni par Sarkozy et
par les familles des otages, parce que les kidnappeurs, de bonnes âmes
comme tout le monde le sait, ne sont pas ceux qui « se moquent »
de leurs victimes mais le gouvernement colombien. Le criminel rejette son
crime sur l'autre et croit ainsi se refaire une virginité. Jusqu'à
quand Paris et les comités de soutien Ingrid Betancourt continueront-ils
à donner l'impression qu'ils sont sensibles à cette imposture?
Consciente de l'échec de son entreprise, la guérilla colombienne
veut, en réalité, que d'autres fassent le travail à sa
place. Désorganisées par l'offensive de l'armée colombienne,
les Farc veulent que la France fasse la guerre à la Colombie, en commençant
par le sabotage diplomatique. Surtout, cette guerre doit être dirigée
contre le président Uribe et sa politique de sécurité
démocratique. Tel est le message de fond, entre les lignes, qui sort
de la nouvelle direction fantasmatique des Farc.
Durant ces dernières années, l'organisation narco - terroriste
n'a fait qu'exiger des autres de se charger de ses ennemis. Les Farc l'ont
fait avec ce qui leur restait de sympathisants au sein de quelques syndicats
américains, afin que ceux-ci persuadent les sénateurs démocrates
de faire la guerre commerciale à la Colombie, parce qu'elles, les Farc,
ne pouvaient pas aller très loin. Et elles ont réussi. La guerre
de désinformation contre l'approbation du Traité de libre commerce
(TLC) entre les Etats-Unis et la Colombie utilise la confédération
syndicale AFL-CIO comme fer de lance et cela s'est terminé par l'engagement
des deux candidats démocrates, Obama et Clinton. L'extrême gauche
française cherche à faire en sorte que ses amis aux Etats-Unis
rattachent la croisade contre le TLC aux revendications du comité de
soutien Ingrid Betancourt.
Les Farc ont fait de même avec la famille Betancourt, en exigeant
qu'elle proclame en Europe que le coupable de la situation d'Ingrid est Alvaro
Uribe (au départ le coupable était l'ancien président
Andres Pastrana). Cela dure depuis six ans et les résultats sont catastrophiques: Ingrid Betancourt continue d'être dans les mains des Farc et sa santé
est chaque fois pire. Le fait d'avoir suivi cette ligne a-t-il procuré
à Ingrid un peu de clémence de la part de ses bourreaux? Non,
absolument pas. Jusqu'à quand, dans l'entourage d'Ingrid, acceptera-t-on
cette stratégie qui ne fait que prolonger le sacrifice de l'ex-candidate
et qui sert uniquement les ennemis de la démocratie?
Les Farc ont demandé la même chose au président Hugo
Chávez. Il doit faire la guerre, une fois pour toutes, à
la Colombie. Cet homme qui, depuis 1999, a d'excellentes relations avec elles
et qui les aide autant qu'il le peut[6], a été sur le point
de leur donner satisfaction quand il a ordonné, après le décès
de Raúl Reyes, le 1er mars 2008, l'envoi de « dix bataillons
» à la frontière avec la Colombie. Il a aussi menacé
de faire usage de ses avions de combat achetés à Vladimir Poutine.
Les Farc ont également demandé à Rafael Correa, président
de l'Équateur, de déclarer la guerre à la Colombie. Elles
ont commencé par l'intoxiquer, il y a environ deux ans, avec le thème
des fumigations en Colombie qui, disaient-elles, portaient préjudice
à l'Équateur, et celui-ci, en gauchiste fanatisé
par Chávez, les a cru et a proféré des menaces et toute
sorte d'injures. Quand Raúl Reyes et une vingtaine de terroristes
sont tombés sous les bombes dans un campement équatorien des
Farc, elles ont incité de nouveau Correa à rompre les relations
avec la Colombie et à envoyer ses soldats à la frontière.
Mais ceux-ci, au lieu d'attaquer le pays voisin, n'ont fait que découvrir
les laboratoires où les Farc fabriquent de la cocaïne. Ce qui
a refroidi la pugnacité de quelques officiers qui n'avaient pas encore
mesuré à quel point leur pays était utilisé par
les Farc comme une plateforme pour le trafic de drogue. Aujourd'hui, le ministre
équatorien de la Défense a été limogé par
Correa et d'autres militaires de haut rang ont préféré
renoncer à leurs postes[7]. Quant à la DEA, elle observe
avec beaucoup plus d'attention les affaires de Quito.
Nicolas Sarkozy, qui a été accusé par le socialisme
marxisant français d'être un horrible « atlantiste »,
laissera-t-il tomber les relations avec Bogota pour démontrer qu'il
ne l'est pas? Le prochain voyage de Bernard Kouchner dans « la région
» sera-t-il destiné à dresser d'autres gouvernements contre
Bogota et à exiger qu'Uribe cède aux Farc? Ou pour suggérer
de nouveaux « gestes » de bonne volonté?
En croyant qu'on pouvait amadouer les Farc avec des actes de générosité,
le président Sarkozy a déjà été ébouillanté
par elles. Quand il a demandé au président Uribe de sortir des
prisons un groupe de guérilleros et, surtout, de relâcher Rodrigo
Granda, le « chancelier » des Farc, capturé au Venezuela
par des agents colombiens, avec l'aide de la police vénézuélienne,
le mandataire français espérait une certaine réciprocité.
Il n'a rien obtenu. Tout le contraire. En croyant dans le sérieux de
l'initiative, Alvaro Uribe a laissé partir le dangereux individu, en
juin 2007, avec l'espoir qu'il oeuvre en « messager de la paix ».
Et Granda n'a fait que retourner au sein de l'organisation terroriste.
Aujourd'hui, Granda est l'un des pires ennemis des otages. Il y a quelques
jours, il écrivait ce paragraphe terrible, qui constitue une véritable
menace contre leur vie à tous : « Qu'ici personne ne fasse semblant
d'être innocent parce que tous ceux qui sont captifs sont responsables
de l'incitation à la guerre. Ingrid comme les autres, et rappelons
qu'aucun d'entre eux n'est dans des conditions pires que celles de Simón
Trinidad et Sonia »[8].
Le mieux que pourrait faire la diplomatie française serait d'être
conséquent avec ce que Nicolas Sarkozy a demandé à la
présidente d'Argentine, Cristina Kirchner, pendant le voyage de celle-ci
à Paris: qu'elle l'aide à contenir Hugo Chávez «
dont les réactions intempestives préoccupent l'Europe parce
qu'elles mettent en péril la stabilité de la région »,
selon les révélations du journal La Nación, de Buenos
Aires[9]. Être conséquent avec cette stratégie équivaut
à écouter beaucoup plus Bogota et à approuver la stratégie
d'Alvaro Uribe consistant à proposer aux Farc une zone de rencontre
(et non la zone démilitarisée qu'elles exigent) pour y effectuer,
en présence de délégués de la communauté
internationale, ce que certains appellent l'échange humanitaire »[10].
Habitué à faire des harangues, des discours et des proclamations
contre la Colombie presque tous les jours, le président Hugo Chávez
est pour ainsi dire muet en ce moment. Son silence sur le sort des otages
en Colombie et sur la mission humanitaire française attire l'attention.
Pourquoi cette attitude?
Chávez a fait savoir qu'il ne veut pas s'entretenir au téléphone
avec le nouveau chef des Farc pour ne pas lui faire courir de risques. Car
cet appel pourrait être intercepté et faciliter une nouvelle
attaque colombienne. Cette excuse, techniquement valable, ne résiste
pas à l'analyse. S'il y a quelqu'un dans le monde qui peut sortir de
sa captivité Ingrid Betancourt et d'autres otages, c'est bien Hugo
Chávez. Et cela sans avoir besoin de faire des appels longue distance.
Il peut sauver les victimes sans « consulter » les chefs des terroristes.
Les Farc écoutent Hugo Chávez, accomplissent ce qu'il dit.
Et pour cause: les Farc doivent beaucoup de choses au régime «
bolivarien », sans lequel elles ne pourraient pas faire face à
l'offensive de l'État colombien.
Entre les Farc et Hugo Chávez il y a une vieille amitié, confirmée
il y a quelques jours quand Chávez a demandé publiquement que
les gouvernements reconnaissent les Farc comme partie « belligérante
» dans le soi-disant « conflit colombien ». Cette
initiative a échoué: personne ne s'est risqué à
le faire, même pas le président équatorien. Cet appel
grotesque et les documents de Raúl Reyes découverts dans son
ordinateur, sont de nouvelles preuves qui s'ajoutent à celles
déjà existantes sur la complicité entre le dictateur
vénézuélien et le mouvement terroriste le plus dangereux
de l'hémisphère occidental.
Le silence de Chávez coïncide avec la consigne des Farc après
la mort de Reyes de tourner le dos à tout le monde, d'interdire l'action
de tout acteur international possible, comme l'Église catholique et
les trois pays européens, la France, l'Espagne et la Suisse, susceptibles
de faire avancer le dossier des otages. Toutefois, Hugo Chávez est
en mesure d'exiger la libération immédiate de tous les kidnappés,
comme il l'a déjà fait avec les six otages relâchés
en mars dernier, car les Farc, arrimées au Venezuela, sont pratiquement
l'otage de Chavez. Otage car sans l'approbation de l'homme fort vénézuélien, les Farc ne pourraient recevoir de Caracas même pas un cachet d'aspirine. Autrement dit, si Ingrid Betancourt, ou tout autre otage des Farc, meurt en
captivité, la responsabilité du président Chávez,
outre la culpabilité des Farc, sera engagée.
Il ne faut pas oublier ce que proposait Raúl Reyes dans ses derniers
messages au Secrétariat des Farc: maintenir une relation « directe
et permanente » avec le président Chávez à qui
elles demanderont, ou ont déjà demandé, d'accepter «
de recevoir les guérilleros et les kidnappés jusqu'à
ce qu'on obtienne un accord définitif avec ce gouvernement ou avec
celui qui lui succédera». Reyes avait ajouté que cette
proposition serait officiellement formulée par les Farc « dans
une rencontre personnelle » avec Chávez et que « malgré
cette médiation elles ne vont pas renoncer à l'exigence de démilitariser
Florida et Pradera dans le Valle del Cauca ».
Les Farc sont-t-elles en train d'accomplir la stratégie de Raúl
Reyes? Les otages ont-ils été transférés au Venezuela?[11]
Quant à la prochaine tournée du ministre français des
Affaires étrangères en Amérique latine, elle pourrait
être l'occasion d'éclaircir un certain nombre de choses.
L'ignorance, le mystère, la désinformation qui règnent
à l'heure actuelle jouent contre la vie des otages, maltraités
et honteusement utilisés par le terrorisme comme levier contre la Colombie.
La « gifle »[12] donnée à Paris par les Farc à
l'occasion de l'affaire du Falcon 50 devrait susciter une réflexion
approfondie au sein du gouvernement français au lieu de se laisser
tenter par les jeux de la diplomatie parallèle et de s'accommoder des
artifices fabriqués par ceux qui torturent Ingrid.
[1] Le Conseil de Sécurité de l'ONU a approuvé
le 1er octobre 2001 une résolution historique dans laquelle il oblige
ses 189 pays membres à combattre le terrorisme, en gelant les moyens
de financement et en lui refusant le soutien politique. Fin avril 2002, l'assemblée
générale de l'ONU déclara qu'elle était disposée
à considérer le kidnapping de personnes comme un crime contre
l'humanité. Dans le statut de la Cour Pénale Internationale,
approuvé en juillet 1998, la disparition forcée de personnes,
ce qui inclut le kidnapping de personnes par un État ou par une organisation
politique, constitue un crime contre l'humanité. Les lois françaises
retiennent la notion de crime contre l'humanité dans le deuxième
livre du nouveau code pénal français, en vigueur depuis mars
1994. L'avocat général, Pierre Truche, a écrit dans la
revue Esprit (n. 181.1992), sur cette notion juridique : « Traitée
sans humanité, comme dans tout crime, la victime se voit en plus contestée
dans sa nature humaine et rejetée de la communauté des hommes. [...]
Une seule disposition lui confère [au crime contre l'humanité]
un régime [légal] particulier: il est imprescriptible, c'est-à-dire
que ses auteurs peuvent être poursuivis jusqu'au dernier jour de leur
vie. »
[2] L'ancien otage Orlando Beltrán, ex représentant
à la Chambre, relâché en mars 2008 par les Farc, assure
que dans la jungle il y a des kidnappés qui sont tombés
« dans la folie la plus totale » et qu'ils « ne coordonnent
déjà absolument plus rien ». Car la situation des otages
est très difficile et les malades ne reçoivent aucun traitement
médical. Il a confirmé qu'Ingrid Betancourt est malade. Radio
Caracol, Bogota, 6 avril 2008.
[3] Le premier à parler de la grave détérioration
de la santé d'Ingrid Betancourt a été Luis Eladio Pérez,
ex-otage des Farc, libéré par celles-ci en mars 2008. Après
avoir parlé à Bogota, Paris et Buenos Aires de l'état
« grave » de santé d'Ingrid, Pérez a relativisé
cette dégradation le 7 avril 2008, quand il a su que la mission humanitaire
française avait échoué. Sans dire qu'il avait été
à l'origine de l'alerte, Pérez a affirmé à
l'agence Associated Press: « Je pense que la situation d'Ingrid Betancourt
a été romancée. Tout cela ne correspond pas à
la réalité ». Ces jours-là, le prêtre catholique
Manuel Mancera assurait qu'un guérillero lui avait dit qu'Ingrid était
« gravement malade » et que les Farc cherchaient « un médecin
dans le secteur de Tomachipán (Guaviare) pour qu'il s'occupe d'elle».
Ce bruit n'a été confirmé ni par la presse ni par les
autorités colombiennes.
[4] Voir l'excellent ouvrage de Jacques Thomet intitulé "Ingrid Betancourt, Histoire de coeur
ou raison d'État?", Editions Hugo et compagnie, Paris, 2006.
[5] En février 2004, le gouvernement colombien a été
sur le point de rappeler à Bogota son ambassadeur en France pour protester
contre les insultes lancées contre le chef d'État colombien
par Fabrice Delloye, ex mari d'Ingrid Betancourt et attaché commercial
à ce moment-là à l'ambassade de France à Quito.
[6] Les Farc ont envoyé cent mille dollars à Hugo
Chávez quand celui-ci est sorti de prison, après le coup d'État
manqué de 1992. Ensuite, lorsque Chávez a été
élu président, les Farc ont renforcé les relations avec
lui. Au point de signer, le 10 août 1999, un pacte avec le ministre
vénézuélien de l'Intérieur, le capitaine Ramón
Rodriguez Chacín. Ce pacte, révélé par le quotidien
El Universal, de Caracas, prévoit la livraison aux Farc de pétrole
et de médicaments spéciaux, ainsi que l'obtention de permis
de séjour et d'asile politique à leurs combattants. Sans parler
de facilités pour créer des entreprises dans les secteurs bancaire,
agricole, logement et santé. Rodriguez Chacín a reconnu plus
tard avoir signé ce pacte pour que les Farc « réduisent
le nombre d'enlèvements dans la zone frontalière ».
[7] La Vanguardia, Barcelone, 9 avril 2008.
[8] El Tiempo, Bogota, 3 avril 2008. Granda exagère. Alias
Simón Trinidad et alias Sonia sont emprisonnés dans des prisons
des Etats-Unis. Ils ont été condamnés pour trafic de
drogues et d'autres crimes. Ils sont en très bonne santé et
ils bénéficient de toutes les garanties que la justice américaine
accorde aux détenus et aux prisonniers.
[9] La Nación, Buenos Aires, 8 avril 2008.
[10] La zone de rencontre serait créée dans une région
dépeuplée. Le gouvernement colombien estime qu'accepter la démilitarisation
des communes de Pradera et de Florida équivaut à abandonner
aux mains des Farc une population de 112.000 habitants. Aujourd'hui plus
de 600 plaintes sont en cours auprès des tribunaux colombiens pour
les crimes et les abus commis par les Farc pendant l'expérience des
trois années de démilitarisation du Caguán (une zone
de 42 000 km ²), entre 1999 et 2002, sous la présidence d'Andres
Pastrana. « La Colombie est le seul pays où il paraît logique
pour certains que pour négocier la situation de 50 kidnappés
avec un groupe terroriste, on doive livrer comme otages les habitants des
villages démilitarisés », a déclaré Luis
Carlos Restrepo, commissaire de la paix. (Revue Cambio, Bogota, 3 avril 2008).
[11] La journaliste María Angélica Correa a publié
le 6 avril 2008, dans le quotidien Perfil, de Buenos Aires, une entrevue avec
quatre déserteurs des Farc et de l'Eln. Ceux-ci ont confirmé
l'existence de bases de ces organisations au Venezuela, avec l'aide de l'armée
vénézuélienne. L'un d'eux a déclaré avoir
entendu dire, en juin 2007, qu'Ingrid Betancourt avait séjourné
dans une finca d'Elorza, dans l'état d'Apure.
[12] L'expression est du Comité français de soutien à Ingrid Betancourt.