Nul autre pays d'Amérique latine n'a tranché cette question par les urnes
Costa Rica - référendum : 51,5% de OUI au Traité de libre commerce avec les Etats-Unis
SAN JOSÉ, lundi 8 octobre 2007 (LatinReporters.com)
- Démentant les derniers sondages, le OUI au Traité de libre
commerce (TLC) avec les Etats-Unis l'a emporté dimanche par
51,58% des suffrages, contre 48,42% de NON, lors du premier référendum
de l'histoire du Costa Rica. C'est aussi la première fois en Amérique
latine qu'un tel traité était soumis au verdict des urnes.
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Le président costaricain Oscar Arias (en bas dans le coin gauche) visiblement satisfait, au soir du 7 octobre 2007 à San José, de la victoire du OUI au référendum sur le Traité de libre commerce avec les Etats-Unis Photo Presidencia de la República |
La victoire du OUI semblait irréversible lundi matin après
dépouillement de 96,3% des bulletins vote. La participation -59,9%
des 2,6 millions d'électeurs costaricains- a largement dépassé
le seuil minimal légal de 40% pour rendre contraignant le résultat
du scrutin. Le TLC conclu en 2004 voit enfin sa ratification débloquée
au Costa Rica.
Connu aussi sous le nom de CAFTA (Central American
Free Trade Agreement), le traité régit le libre-échange
entre, d'une part, les Etats-Unis et, d'autre part, la République
dominicaine et 5 pays d'Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala,
Honduras et Nicaragua). Seul le Costa Rica, pays de 4,6 millions d'habitants,
le plus développé et le plus stable de cette région,
ne l'avait pas encore ratifié. Il est en vigueur dans les autres
pays concernés.
La division sans précédent de la jusqu'alors paisible société
costaricaine et l'impuissance parlementaire de la majorité seulement
relative du Parti de libération nationale (PLN) du président
social-démocrate Oscar Arias avaient conduit ce dernier a opter pour
le référendum.
L'Amérique latine ne sera plus jamais la même, estimait en
substance avant le vote le secrétaire général de l'Organisation
des Etats américains (OEA), le Chilien José Miguel Insulza.
Il sous-entendait que le précédent costaricain risque de faire
surgir ou de renforcer la revendication d'un référendum similaire
dans les pays latino-américains. Jusqu'à présent, ceux
qui ont négocié un traité de libre-échange avec
les Etats-Unis (Mexique, Chili, Pérou, Colombie, République
dominicaine, Panama et autres pays centraméricains) s'en sont tenus à une
ratification parlementaire.
La victoire du OUI pourrait retarder l'éventuel effet domino
envisagé implicitement par M. Insulza. Un triomphe du NON aurait par
contre renforcé immédiatement l'influence régionale
du président vénézuélien antiaméricain
Hugo Chavez et de ses alliés cubains, boliviens et équatoriens.
Le Nicaragua sandiniste, affilié aussi à l'axe "bolivarien"
du président Chavez, reste un cas particulier en maintenant sa participation
au TLC avec les Etats-Unis.
Une victoire du NON aurait par ailleurs compliqué l'Union douanière
de l'Amérique centrale et par contre-coup l'Accord d'association que
cette région commence à négocier avec l'Union européenne.
"Le peuple a dit oui et, en tant que démocrate convaincu, j'obéirai
à cette volonté sacrée" s'est exclamé dimanche
soir à San José le président Oscar Arias, visiblement
très satisfait.
"Nous avons à nouveau démontré au monde que les décisions
les plus importantes ne doivent pas être prises sous le fil de l'épée
ou sous le feu d'un fusil, mais plutôt dans un bureau de vote" a ajouté
le président Arias, prix Nobel de la Paix en 1987 pour sa contribution
à la pacification de l'Amérique centrale secouée alors
par des guerres civiles entre dictatures et guérillas marxistes.
En dépit des résultats connus et du diagnostic des observateurs
de l'OEA certifiant "la transparence" du scrutin référendaire,
les adversaires du TLC disaient attendre la vérification manuelle
des résultats par le Tribunal suprême électoral avant
de reconnaître leur défaite.
"Nous croyons qu'on a violé la légitimité institutionnelle"
[la institucionalidad] a déclaré à la presse le chef
du principal parti d'opposition, Otton Solis, ex-candidat présidentiel
de centre gauche vaincu en février 2006 par Oscar Arias. M. Solis accuse le gouvernement
et les grands médias d'avoir continué
illégalement à faire campagne pour le OUI pendant les trois
jours de réflexion et de neutralité obligatoire précédant
le vote.
Malgré la victoire du OUI, le TLC doit encore surpasser l'approbation
parlementaire de 13 lois qui accompagneraient la participation effective
du Costa Rica aux mécanismes du traité. Ces lois prévoient
notamment l'ouverture à la concurrence de monopoles publics tels que
les télécommunications et les assurances. "C'est inacceptable"
continue a estimer Eugenio Trejos, recteur de l'Institut technologique et
principal leader du mouvement national pour le NON.
La date limite de conclusion de toutes les étapes de la mise en marche
du TLC est le 1er mars 2008. Le gouvernement du président Arias estime
qu'un blocage parlementaire serait antidémocratique après la
victoire du OUI au référendum.
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