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Démission du vice-président Casas qui prônait une "campagne de la peur"
Costa Rica - référendum : libre-échange avec Etats-Unis menacé par un scandale
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Affiche d'un "Front paysan" costaricain contre le TLC (Traité de libre commerce) avec les Etats-Unis. "Sans agriculteurs, pas de nourriture" et "Le TLC tue l'agriculture" disent les pancartes. | |
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SAN JOSÉ, mercredi 26 septembre 2007 (LatinReporters.com) - A moins
de deux semaines du référendum du 7 octobre, le premier de
l'histoire du Costa Rica et le premier en Amérique latine sur un traité
de libre-échange avec les Etats-Unis, le non remonte vigoureusement
dans les sondages après le scandale qui a forcé, le 22 septembre,
la démission du vice-président Kevin Casas. Il prônait
une "campagne de la peur" en faveur du oui.
Le vice-président recommandait notamment d'assimiler les adversaires
du traité à des alliés du Cubain Fidel Castro, du
Vénézuélien Hugo Chavez et du Nicaraguayen Daniel Ortega, trois
présidents antiaméricains perçus par leurs opposants comme des dictateurs
effectifs ou potentiels.
Plus de 2,6 millions d'électeurs, pour une population globale de
4,2 millions de Costaricains, seront appelés à répondre
oui ou non à la question "Approuvez-vous le Traité de libre
commerce (TLC) République dominicaine, Centramérique / Etats-Unis?".
Ce TLC est connu aussi sous l'appellation CAFTA (Central American Free
Trade Agreement). Il régit le libre-échange entre, d'une part,
les Etats-Unis et, d'autre part, la République dominicaine et 5 pays
d'Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et
Nicaragua). Seul le Costa Rica, pays le plus développé de cette
région, ne l'a pas encore ratifié.
Le débat sur cette ratification fut déjà l'enjeu central
des élections générales du 5 février 2006. Libre-échangiste
convaincu et donc partisan du TLC, le social-démocrate Oscar Arias,
Prix Nobel de la Paix 1987, retrouva l'an dernier avec 40,9% des suffrages
le fauteuil présidentiel qu'il occupa de 1986 à 1990.
Mais son Parti de libération nationale (PLN, membre de l'Internationale
socialiste) n'obtint que 25 des 57 députés de l'Assemblée
législative (Parlement monocaméral), soit un nombre insuffisant
pour assurer la ratification parlementaire.
Oscar Arias devança d'à peine 18.169 voix l'un de ses anciens
ministres, Otton Solis (39,8%), dissident du PLN et fondateur du Parti d'action
citoyenne (PAC), devenu la 2e force parlementaire avec 17 députés.
Otton Solis veut renégocier le Traité de libre commerce. Selon
lui, le TLC ouvrirait la voie à la privatisation de monopoles
publics (banques, assurances, électricité, télécommunications)
et ferait la part trop belle aux exportations agricoles subventionnées
des Etats-Unis.
Depuis son intronisation (8 mai 2006), le président Arias est quasi
monopolisé par la ratification du traité. L'opposition du PAC
d'Otton Solis est renforcée sur ce dossier par les syndicats, des
collectifs d'agriculteurs et d'universitaires, des écologistes, des
autorités académiques, des prêtres défiant la
neutralité épiscopale, des dirigeants sociaux-chrétiens
et même quelques personnalités du PLN, qui doutent soudain du
"néolibéralisme". Les manifestations des opposants au TLC secouent
en outre désormais le Costa Rica, longtemps si paisible qu'on l'appelait
parfois, vu aussi sa relative prospérité, la Suisse de l'Amérique
centrale.
Dans ce contexte alourdi par une guérilla juridique parlementaire
et malgré la possibilité théorique de bénéficier
de l'appui d'élus de droite, le chef de l'Etat a opté pour
le référendum. Résoudre dans un sens ou l'autre le problème
posé par le TLC est d'autant plus nécessaire que le blocage
actuel paralyse d'autres initiatives, notamment la réforme fiscale
et celle sur les concessions.
Pour le référendum du 7 octobre, les résultats d'un
sondage de la société Unimer diffusés le 24 septembre
attribuent 49% au oui à la ratification du TLC, contre 46% au non.
Compte tenu des marges d'erreur, cette évaluation frôle le match
nul virtuel. Mais en août, le oui écrasait le non par 56% des
intentions de vote contre 36%.
Cette remontée spectaculaire du non s'explique par les révélations
de l'hebdomadaire Semanario Universidad. Il a publié le texte d'un
mémorandum envoyé le 29 juillet dernier au président
Arias par le vice-président Kevin Casas et le député
du PLN Fernando Sanchez.
Emettant des recommandations pour mener la campagne référendaire
en faveur du oui au TLC, MM. Casas et Sanchez prônent dans le document
"une campagne de la peur" qui soulignerait les conséquences négatives
d'une victoire du non. Ils suggèrent de présenter les adversaires
de la ratification comme étant liés à Fidel Castro,
Hugo Chavez et Daniel Ortega. Le mémorandum propose aussi de faire
pression sur des maires en les menaçant de réduire leurs ressources
budgétaires si le traité n'est pas plébiscité
par la majorité de leurs administrés.
Le tollé national soulevé par les révélations
de Semanario Universidad a conduit Kevin Casas à démissionner
de la vice-présidence du Costa Rica et du poste de ministre de la
Planification qu'il assumait aussi. Le député Fernando
Sanchez a renoncé, lui, à la présidence de deux commissions
parlementaires.
Le Tribunal suprême électoral juge contraires à la loi
les recommandations polémiques de MM. Casas et Sanchez. Il a ouvert
une enquête pour déterminer si elles ont été mises
en oeuvre. Semanario Universidad affirme que "le mémorandum a été
appliqué point par point". Le président Oscar Arias le nie,
prononçant avec force le mot "jamais".
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