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Selon Gara, Madrid promit même la bienveillance de la police... française
Espagne-attentat: "engagements" dont l'ETA veut le respect par M. Zapatero pour ne plus frapper
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Couverture d'un bulletin interne de l'ETA daté d'octobre 2006 |
MADRID, vendredi 12 janvier 2007 (LatinReporters.com) - Le président
du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero,
a-t-il joué à l'apprenti sorcier avec des promesses allant
au-delà de la Constitution et même de la souveraineté
de l'Espagne pour lancer avec les séparatistes basques de l'ETA le
processus dit de paix avorté par l'attentat du 30 décembre
2006?
En revendiquant le 9 janvier cet attentat qui a fait 2 morts, 19 blessés
et soufflé un parking de 4 étages de l'aéroport de Madrid,
l'ETA le justifiait par un "blocage" imposé par le gouvernement au
processus de paix. Déclarant paradoxalement toujours en vigueur leur
"cessez-le-feu permanent" annoncé le 22 mars 2006, les indépendantistes
menaçaient toutefois et menacent toujours de frapper à nouveau en fonction du "comportement
du gouvernement de l'Espagne". Ce dernier est prié de respecter
de mystérieux "engagements". L'ETA lui reprochait, toujours le 9 janvier,
de s'arrêter aux "limites de la Constitution espagnole et de la légalité".
Madrid a nié à plusieurs reprises avoir pris des "engagements"
à l'égard de l'organisation séparatiste. Mais sous le
titre "Les engagements mutuels du gouvernement [espagnol] et de l'ETA
ne sont toujours pas respectés un an après", le quotidien
basque Gara, proche des indépendantistes qui l'utilisent pour diffuser
leurs communiqués, écrivait le 10 janvier dernier:
"L'ETA mentionne [dans le communiqué du 9 janvier revendiquant
l'attentat du 30 décembre; ndlr] la nécessité du
respect de ses engagements par le gouvernement espagnol... Il s'agit de questions
accordées en février [2006] qui lient tant l'exécutif
espagnol que l'ETA...
"Après huit mois de conversations discrètes [qui auraient
donc débuté en juin ou juillet 2005; ndlr], l'ETA s'engagea
effectivement à ne réaliser d'actions ni contre des personnes
ni contre des biens, ainsi qu'à ne pas réaliser d'actions d'approvisionnement
ni en armes ni en explosifs à partir de la déclaration du cessez-le-feu
permanent du 22 mars [2006].
"L'exécutif espagnol, pour sa part, accepta de respecter les décisions
qu'adopteront librement les citoyens basques sur leur futur [il s'agit
ici du droit à l'autodétermination, revendication historique
de l'ETA; ndlr]. Sur ce point, il était spécifié
que l'exécutif espagnol entend que les accords relatifs à cette
question devront se réaliser entre les partis politiques basques,
ainsi qu'entre les agents sociaux, économiques et syndicaux basques.
On indiquait en outre que les accords se réfèrent au futur
des citoyens d'Araba, Bizkaia, Gipuzkoa et Nafarroa [noms basques des
provinces d'Alava, de Biscaye et du Guipuzcoa et de la Communauté
autonome de Navarre, gouvernée par la droite et en majorité
hostile au nationalisme basque, mais que les séparatistes veulent
annexer; ndlr].
"Le leader de l'exécutif espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero,
s'est approché à deux reprises de cet engagement. Une première
fois lors d'un meeting à Barakaldo en mai [2006], lors duquel
il souligna que le droit de décision devait se soumettre à
la loi espagnole, et lors d'une seconde occasion plus explicite et solennelle,
au Congrès des députés le 29 juin [2006], mais
en introduisant à nouveau comme condition la sujétion à
la légalité.
"L'accord avec engagements mutuels incluait une série de garanties
pour normaliser la vie politique dont l'inaccomplissement de la part de l'Etat
fut spécialement notoire depuis le 22 mars [2006]. Ainsi, l'exécutif
de Zapatero accepta que ne soient pas effectuées d'arrestations par
la garde civile, la police espagnole, l'Ertzaintza [police basque]
ni par la police française et que soit réduite la présence
policière.
"On n'a pas respecté non plus l'engagement d'accepter de facto que
les organisations de la gauche patriote puissent réaliser leur travail
politique sur un pied d'égalité..." [allusion aux actions judiciaires contre la vitrine
politique de l'ETA, le parti Batasuna,
hors-la-loi depuis 2003 quoique publiquement très actif; ndlr]
Prochaine publication des "actes" des contacts entre Madrid et
l'ETA?
Niés donc par Madrid, ces "engagements", s'ils existent, ne pouvaient
relever que d'une stratégie visant à obtenir le cessez-le-feu
de l'ETA pour tenter ensuite de reconduire graduellement dans des voies constitutionnelles
le désormais défunt processus de paix. Une stratégie
qui aurait fait long feu avec l'attentat du 30 décembre.
Seraient contraires à la Constitution espagnole, à propos des
"engagements" imputés par Gara aux émissaires de M. Zapatero, tant l'autodétermination régie par les seuls Basques
que l'inclusion de la Navarre dans un processus qu'elle rejette. Et comment
la police et la justice pourraient-elles ignorer l'Etat de droit en se croisant
les bras devant une organisation qui a revendiqué quelque 850 assassinats
et que l'Union européenne considère toujours comme terroriste?
Quant à la promesse supposée d'une bienveillance de la police
française, imaginer que Madrid puisse la garantir, comme si les Pyrénées
ne limitaient pas la souveraineté espagnole, relève du surréalisme.
L'ETA ayant dressé et diffusé en son temps, via le même
journal Gara, un acte quasi notarial et non contesté de son unique
rencontre, en 1999 en Suisse, avec des émissaires du gouvernement
conservateur de José Maria Aznar, il est possible que les indépendantistes
diffusent prochainement les actes de leurs contacts avec les socialistes
de M. Zapatero.
Plusieurs médias espagnols croient que de tels actes auraient aussi
été rédigés par le Centre Henry Dunant pour le
dialogue humanitaire (Genève), qui aurait servi d'intermédiaire
entre Madrid et l'ETA et de catalyseur de leur disposition à négocier.
Contrairement à l'ETA, ce Centre devrait observer la plus grande discrétion.
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