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Hugo Chavez mettra 10% d'éthanol dans son essence
Le sommet sud-américain de l'énergie salue les biocarburants réprouvés par Fidel Castro
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Le président vénézuélien Hugo Chavez (centre) au 1er Sommet sud-américain de l'énergie: achat de 200.000 barils quotidiens d'éthanol brésilien Photo Prensa Presidencial - Juan Carlos Solorzano | |
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CARACAS, mercredi 18 avril 2007 (LatinReporters.com) -
"L'éthanol n'est pas à l'agenda" disait le président
vénézuélien Hugo Chavez à la veille du 1er Sommet
sud-américain de l'énergie, réuni les 16 et 17 avril à
Porlamar, sur l'île de Margarita (Venezuela). Les 12 pays de l'Amérique
du Sud ont néanmoins salué les biocarburants, dont l'éthanol
que le Venezuela veut importer du Brésil.
Scellée le 9 mars à Sao Paulo par les présidents George
W. Bush et Luiz Inacio Lula da Silva, la collaboration entre les Etats-Unis
et le Brésil pour l'élaboration et la commercialisation d'éthanol
-les deux pays en contrôlent plus de 70% de la production mondiale-
avait déclenché contre les biocarburants une offensive politique
menée principalement par Cuba et le Venezuela.
Aussi n'est-il pas anodin que, dans la
Déclaration de Margarita,
le sommet exprime sa "reconnaissance au potentiel des biocarburants pour
diversifier la matrice énergétique sud-américaine" et
appelle à "l'efficacité maximale de leur emploi" pour "promouvoir
le développement social, technologique, agricole et productif".
La déclaration souligne,
peut-être en contrepartie, "l'importance d'assurer la compatibilité
entre la production de toutes les sources d'énergie, la production
agricole, la préservation de l'environnement et la promotion et la
défense de conditions sociales et de travail dignes".
Venezuela, Brésil, Argentine, Bolivie, Chili, Colombie, Equateur
et Paraguay étaient représentés par leurs présidents,
l'Uruguay par son vice-président, la Guyana par son Premier ministre
et le Pérou et le Surinam par des ministres. Avec eux, c'est l'ensemble
du sous-continent sud-américain qui a signé la
Déclaration de Margarita.
Le sommet a créé un Conseil sud-américain
de l'énergie, réunissant les ministres du secteur. Mais
le salut aux biocarburants est l'élément politique majeur.
Il signifie que le président brésilien de centre gauche Luiz
Inacio Lula da Silva exerce une influence décisive sur les projets
d'union sud-américaine, dont Hugo Chavez est le promoteur le plus
médiatisé grâce à son antiaméricanisme
théâtral.
Fin mars et début avril, dans deux articles successifs publiés
par le quotidien Granma, organe du Comité
Central du Parti communiste de Cuba, le président Fidel Castro mettait
en garde contre les conséquences catastrophiques qu'aurait, selon
lui, la production de biocarburants à partir de cultures en principe
alimentaires. Le Lider Maximo désignait les Etats-Unis, qui produisent
leur éthanol avec le maïs, comme les responsables
potentiels de la "mort prématurée" de milliards de personnes,
d'un "génocide" que pourrait provoquer la famine.
Principal allié de Fidel Castro, Hugo Chavez avait aussi réprouvé
les biocarburants au début du mois de mars, lors d'une tournée
latino-américaine visant à réduire la portée
de celle effectuée aux mêmes dates par le président Bush
au Brésil, en Uruguay, en Colombie, au Guatemala et au Mexique.
En conférence de presse à l'issue du sommet de Porlamar, Hugo
Chavez, qui avait eu un long tête-à-tête avec son homologue
brésilien Lula, surprenait les journalistes en annonçant que
le Venezuela a l'intention d'acheter 200.000 barils quotidiens d'éthanol
au Brésil, qui produit ce biocarburant à partir de la canne
à sucre.
Cet éthanol, a indiqué le président Chavez, sera ajouté
au pétrole que le géant public Petroleos de Venezuela S.A.
(PDVSA) raffine au Venezuela, aux Etats-Unis, en Europe et dans les Caraïbes.
Au Venezuela, le biocarburant brésilien se substituera à des
ingrédients nocifs à raison de 10% d'éthanol par litre
d'essence, dans le cadre d'un "plan que nous avons dénommé
Ethanol-10" a précisé Hugo Chavez.
Un quota de 10% de biocarburants, à l'horizon 2020 dans le secteur
des transports, avait aussi été fixé le 9 mars dernier
à Bruxelles par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union
européenne pour réduire à la fois le réchauffement
planétaire, la flambée des prix du pétrole et la dépendance
à l'égard des grands exportateurs d'hydrocarbures (dont le
Venezuela, 5e exportateur mondial de brut). Aux Etats-Unis, le président
Bush estime que dans dix ans les carburants verts pourraient remplacer 20%
de la consommation de pétrole.
Hugo Chavez va en outre faire construire cinq
usines d'éthanol avec l'aide technique du Brésil et de ... Cuba!
"Diversifier de manière rationnelle la matrice énergétique
et nettoyer l'essence en remplaçant [par l'éthanol] le tétraéthylène
de plomb, qui est un poison" n'aurait, selon le président Chavez,
rien de commun "avec la proposition irrationnelle du président des
Etats-Unis de remplacer l'essence par ce biocarburant". Aux yeux du bouillant
Vénézuélien, "jamais l'éthanol ou les biocarburants
ne seront une alternative au pétrole".
La ministre équatorienne des Relations extérieures, Maria
Fernanda Espinosa, reconnaît que les biocarburants ont suscité
des divergences à Porlamar. Des observateurs croient qu'un rejet de
l'éthanol pouvait conduire le Brésil à ignorer l'initiative
vénézuélienne de développement d'une Banque du Sud
(Banco del Sur), renforçant alors les incertitudes sur la construction
du Gazoduc du Sud. Ce projet phare d'Hugo Chavez prévoit de relier
sur 8.000 km le Venezuela, la Colombie, le Brésil, la Bolivie, l'Uruguay,
le Paraguay et l'Argentine. Il nécessiterait 20 milliards de dollars
d'investissements.
La CSN s'appellera l'UNASUR
Le 1er Sommet sud-américain de l'énergie était réuni
sous les auspices de la Communauté sud-américaine des nations
(CSN), lancée en décembre 2004 à Cuzco (Pérou). Le sommet a décidé
que la CSN s'appellera désormais Union des nations sud-américaines
(UNASUR), avec secrétariat permanent à Quito, capitale de l'Equateur.
Le sommet de la CSN tenu en décembre dernier à Cochabamba
ayant soutenu cette ville de Bolivie comme siège d'un futur parlement
sud-américain, ce sont deux pays aujourd'hui tenants de la gauche bolivarienne d'Hugo
Chavez, l'Equateur et la Bolivie, qui abriteront en principe les institutions
politiques clefs de l'UNASUR.
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