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Les proches du président réactivent "l'Etat major du peuple"
Bolivie: l'armée délivre trois ministres d'Evo Morales séquestrés dans un climat social tendu
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L'Amérindien Evo Morales, président de la Bolivie - Presidencia de la República |
LA PAZ, mercredi 19 avril 2006 (LatinReporters.com) - L'armée est intervenue mercredi pour
délivrer trois ministres du président Evo Morales séquestrés dans la
localité orientale de Puerto Suarez par des protestataires qui réclament la
légalisation d'une usine sidérurgique brésilienne en
construction. L'agitation sociale renaît en
Bolivie. Pour la contrer,
les partisans d'Evo Morales réactivent "l'Etat major du peuple".
Les ministres Carlos Villegas (Planification), Celinda Sosa (Développement
économique) et Walter Villaroel (Mines) étaient enfermés
mardi soir au siège du Comité civique de Puerto Suarez après
avoir été insultés lors d'une assemblée au cours
de laquelle ils expliquaient pourquoi le gouvernement s'oppose à la
construction de l'usine. Mille cinq cents emplois dépendent de ce
chantier.
"Cet investissement étranger est illégal et viole l'article 25 de la Constitution"
a rappelé à La Paz le ministre de la Présidence, Juan
Ramon Quintana.
L'article 25 interdit l'établissement d'entreprises et de personnes étrangères
à moins de 50 km des frontières. Or, c'est dans cette frange, à proximité
du Brésil, qu'EBX-Bolivia, filiale de la société brésilienne
EBX, construit depuis neuf mois des hauts fourneaux.
Formé en janvier dernier, le gouvernement nationaliste de gauche
d'Evo Morales a suspendu la licence d'EBX-Bolivia, à laquelle il est
aussi reproché de vouloir utiliser du charbon végétal très
polluant.
Les Comités civiques de Puerto Suarez menacent de bloquer les routes et l'aéroport
de la région, utilisant les mêmes armes qu'Evo Morales lorsque
ce dernier, alors leader syndical, paralysait la Bolivie et provoquait la
chute de deux présidents avant d'être élu triomphalement
à la tête de l'Etat en décembre dernier.
Principal syndicat sous contrôle de "l'Etat major du peuple"?
Sur le plan national, la Centrale ouvrière bolivienne (COB, principal
syndicat) a appelé les travailleurs à descendre dans la rue
le 21 avril pour soutenir les revendications, surtout salariales, de multiples
secteurs. Contre "l'aventurisme" de Jaime Solares, président de la
COB et ex-allié d'Evo Morales dans les luttes sociales, les partisans
du chef de l'Etat réactivent "l'Etat major du peuple".
Surgi de manière informelle en 2003 dans la chaleur de la mobilisation
contre l'ex-président conservateur Gonzalo Sanchez de Lozada, "l'Etat major du
peuple", sans statuts légaux connus, fut à l'époque
proclamé lors d'une assemblée de mouvements sociaux, dont la
COB.
Le coordinateur de sa réactivation, Hugo Moldiz, un proche du président
Morales, définit aujourd'hui "l'Etat major du peuple" comme l'instrument
politique du nouveau gouvernement, appuyé par "plus de 25 institutions
sociales et politiques" et luttant pour la "révolution démocratique
initiée le 18 décembre" 2005 (date de la victoire d'Evo Morales
aux élections présidentielle et législatives).
Au risque d'être perçu comme une garde prétorienne
présidentielle, "l'Etat major du peuple" décidait mardi de de créer des
"comités de défense de la démocratie" sur l'ensemble du territoire bolivien et
de prendre le contrôle de la COB. La réalité de
ce contrôle reste à démontrer. Des soubresauts sont possibles.
Depuis le début du mois d'avril, une succession de conflits sociaux
et un chapelet de grèves et de barrages routiers ont marqué
la fin de l'état de grâce du président Morales, investi
le 22 janvier dernier.
Ont été touchés les transports, l'enseignement, le
réseau hospitalier et le secteur stratégique du gaz, dont l'exportation
vers l'Argentine et le
Brésil est réduite
à cause d'une dispute régionale pour la propriété de l'un des plus
importants gisements de gaz naturel de la région de Tarija.
Par ailleurs, les riches départements orientaux de Tarija et de
Santa
Cruz, où Evo Morales et son Mouvement vers le socialisme (MAS) furent
minoritaires aux élections de décembre, s'estiment délaissés
par le nouveau gouvernement et agitent la menace de paralysies régionales.
Tarija et Santa Cruz sont les greniers énergétique et alimentaire
de la Bolivie.
Enfin, au nom de son indépendance, le Pouvoir judiciaire a entamé
avec le président Morales, accusé "d'intromission déstabilisatrice",
un bras de fer aux conséquences imprévisibles.
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