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Le président du Venezuela recevra un émissaire de la guérilla des FARC
Chavez et Bolivar au secours d'Ingrid Betancourt : la paix en Colombie "servirait la patrie sud-américaine"

par Christian GALLOY, directeur de LatinReporters

MADRID, dimanche 2 septembre 2007 (LatinReporters.com) - La paix en Colombie servirait "l'intégration de la grande patrie sud-américaine... Colombie et Venezuela sont deux filles de Bolivar" affirmait le président vénézuélien Hugo Chavez en débarquant le 31 août à Bogota pour un sommet bilatéral centré sur sa médiation en vue de l'échange humanitaire d'otages de la guérilla des FARC, dont Ingrid Betancourt. Et selon Chavez, la paix pourrait naître de cet échange.


Les présidents vénézuélien Hugo Chavez (à gauche) et colombien Alvaro Uribe, le 31 août 2007 dans l'hacienda présidentielle colombienne d'Hato Grande
Photo César Carrión - SP

"Ces deux républiques [Colombie et Venezuela] forment une seule nation, un seul peuple, un seul rêve, une seule histoire, un seul passé et un seul avenir" insistait plus tard le leader sud-américain de la gauche dite bolivarienne aux côtés du président conservateur colombien Alvaro Uribe. Les deux chefs d'Etat rendaient alors compte à la presse de leurs entretiens dans l'hacienda présidentielle colombienne d'Hato Grande, confisquée au 19e siècle par le libertador historique Simon Bolivar à un religieux espagnol royaliste.

Héros continental pour avoir balayé la domination de l'Espagne, Simon Bolivar est particulièrement honoré au Venezuela, sa terre natale, et en Colombie. Son rêve d'unité sud-américaine est un héritage respecté. A la tête de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Chavez en a fait le bélier internationaliste de son "socialisme du 21e siècle".

Et aujourd'hui, le rêve bolivarien est devenu l'argument clé, la justification politique la plus explicite de sa médiation dans le conflit colombien. "J'irais jusqu'aux chaudrons de l'enfer pour obtenir en Colombie l'accord humanitaire" lançait, revenu de Bogota, le président Chavez samedi soir à Caracas lors d'un meeting en faveur de sa prochaine et controversée réforme constitutionnelle.

Pro-américain peut-être plus par nécessité que par conviction dans un pays ensanglanté depuis plus de quarante ans par le conflit interne contre les guérillas d'extrême gauche des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et de l'ELN (Armée de libération nationale), le Colombien Alvaro Uribe cultive l'unité régionale à sa façon. Par les forces du marché et en respectant ses voisins. Malgré les différences idéologiques, ses relations avec Hugo Chavez semblent empreintes d'estime réciproque, voire d'amitié. "Je n'oublierai jamais le geste d'Uribe" notait vendredi Chavez, remerciant publiquement son hôte d'avoir permis l'utilisation des ports colombiens pour alimenter le Venezuela pendant la paralysie pétrolière et la grève insurrectionnelle contre le régime chaviste, fin 2002 et début 2003.

Les guérilleros marxistes des FARC applaudissent, eux, quasi sans réserve la révolution dite bolivarienne d'Hugo Chavez. Aussi ce dernier apparaît-il comme le médiateur idéal entre rebelles et gouvernement colombien. Nul autre ne peut se prévaloir de jouir de son degré de confiance auprès des deux parties. Chavez a annoncé qu'il recevra au Venezuela, avec l'accord d'Alvaro Uribe, un émissaire des FARC.

La sénatrice colombienne Piedad Cordoba, avalisée également comme médiatrice par Alvaro Uribe, a révélé par ailleurs, dimanche au quotidien argentin Clarin, que "le président colombien a aussi accepté que l'un de ses émissaires se réunisse avec les FARC au Venezuela".

Caracas semble ainsi s'ériger en capitale de l'espoir d'une future paix en Colombie. Hugo Chavez a dévoilé que même les insurgés de l'ELN souhaiteraient transférer à Caracas leurs pourparlers ouverts à Cuba avec des représentants du gouvernement colombien.

Surpasser les obstacles à la libération par les FARC d'un groupe de 45 otages dits "politiques" (quoiqu'incluant aussi, outre Ingrid Betancourt, des militaires et trois Américains) contre des centaines de guérilleros prisonniers serait, espère Hugo Chavez, une première étape pouvant déboucher sur de véritables négociations de paix. Et réduisant la dépendance de la Colombie à l'égard des Etats-Unis et de leur aide militaire, la paix rapprocherait les Colombiens de l'internationalisme sud-américain cher à Bolivar, à Chavez et aux FARC.

Même l'amnistie confirmée vendredi par Hugo Chavez de 41 présumés paramilitaires colombiens, accusés d'avoir été enrôlés pour le renverser et emprisonnés au Venezuela depuis 2004, est placée sous le signe de cet internationalisme. Selon le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Pedro Carreño, cette indulgence refléterait "une politique internationale de solidarité", un pari sur "les processus de libération dans une ambiance de paix".

Ingrid Betancourt sauvée donc par Simon Bolivar? Probablement plus, si elle toujours en vie, que par Nicolas Sarkozy ou tout autre mandataire européen.

D'ici là, Hugo Chavez composera avec la vision bolivarienne mercantile d'Alvaro Uribe. Le Vénézuélien s'est déclaré disposé, lors d'un prochain sommet extraordinaire de la Communauté Andine des Nations (CAN - Colombie, Equateur, Bolivie et Pérou, plus le Chili en qualité d'observateur) à évaluer le retour du Venezuela au sein de cette organisation régionale si "le social y est mis en avant".

La Colombie assume jusqu'en juin 2008 la présidence annuelle tournante de la CAN, qui entame actuellement la négociation d'un accord d'association avec l'Union européenne. Hugo Chavez claqua la porte de l'organisation le 19 avril 2006, l'estimant dénaturée par les accords de libre commerce négociés par la Colombie et le Pérou avec les Etats-Unis.

DOCUMENT
Texte original en espagnol des déclarations des présidents Alvaro Uribe et Hugo Chavez à l'ouverture de la conférence de presse clôturant leur sommet bilatéral du 31 août 2007.

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