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L'UE condamne Cuba pour ses "330 prisonniers politiques", mais pas de sanctions
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La dissidente cubaine Martha Beatriz Roque, le visage tuméfié le 25 avril 2006 après une "intimidation" castriste à domicile Photo APSCC |
LUXEMBOURG, mardi 13 juin 2006 (LatinReporters.com) - Le
nombre de prisonniers politiques a augmenté au cours des douze derniers
mois à Cuba, atteignant "330 cas établis", et "la situation
des droits de l'homme s'est encore détériorée" ont estimé
lundi à Luxembourg les ministres des Relations extérieures
des 25 pays de l'Union européenne (UE). Néanmoins, les sanctions
contre La Havane restent suspendues.
Détaillant et condamnant les abus du régime castriste, les
"Conclusions sur Cuba" (texte intégral ci-dessous) adoptées
à Luxembourg par le Conseil de l'UE se
clôturent toutefois sur la décision du Conseil "de proroger
la suspension des mesures diplomatiques arrêtées le 5 juin 2003
jusqu'à la prochaine évaluation de la position commune, en
juin 2007."
Le 5 juin 2003, des sanctions communautaires "diplomatiques" furent décrétées
contre La Havane après l'emprisonnement de 75 opposants et trois exécutions
capitales. Suspendues depuis le 31 janvier 2005 malgré l'avis contraire de dissidents
cubains et de plusieurs pays européens, notamment de l'Est, ces sanctions comprenaient la
restriction des visites de haut niveau, une réduction
de la participation européenne aux événements culturels
cubains, ainsi que l'invitation de dissidents par les ambassades européennes
à La Havane lors de dates significatives.
En minorité lundi à Luxembourg, les partisans du retour aux
sanctions étaient menés par le ministre tchèque des
Relations extérieures, Cyril Svoboda. Son homologue espagnol, le pro-cubain
Miguel Angel Moratinos, a été à nouveau plus écouté.
Cuba fut élue le 9 mai dernier au nouveau Conseil
des droits de l'homme de l'ONU. L'UE en profite pour rappeler que "tous
les membres élus du Conseil des droits de l'homme sont censés
se conformer aux normes les plus élevées en ce qui concerne
la promotion et la protection des droits de l'homme".
Texte intégral du communiqué officiel du Conseil de l'UE:
Conclusions du Conseil sur CUBA
(2737ème session du Conseil RELATIONS EXTERIEURES - Luxembourg, 12
juin 2006)
"Le Conseil a adopté les conclusions suivantes:
1. Le Conseil a confirmé que les objectifs définis dans la
position commune de 1996 demeuraient pertinents et valables et a répété
que la politique de l'Union européenne à l'égard de
Cuba continuait de se fonder sur un engagement constructif et un dialogue
critique et global à tous les niveaux. Le Conseil a souligné
qu'il était déterminé à poursuivre un véritable
dialogue avec les autorités cubaines, de même qu'avec l'opposition
politique pacifique et la société civile de Cuba. En ayant
recours à l'éventail complet des ressources dont elle dispose,
l'UE continuera d'offrir à toutes les composantes de la société
un soutien concret au changement pacifique à Cuba.
2. Le Conseil déplore que la situation des droits de l'homme à
Cuba se soit encore détériorée depuis la dernière
évaluation, en juin 2005.
Le Conseil a noté que le nombre de prisonniers politiques à
Cuba avait augmenté au cours des douze derniers mois, selon les organisations
cubaines de défense des droits de l'homme; il y a maintenant 330 cas
établis, plusieurs personnes étant détenues depuis 2005
sans inculpation ni jugement. En outre, des centaines de jeunes Cubains avaient
été arrêtés et condamnés sur la base de
la qualification pénale de "propension à la délinquance".
Le Conseil a, une fois encore, engagé le gouvernement cubain à
libérer sans condition tous les prisonniers politiques, y compris
le groupe des 75 personnes arrêtées et condamnées en
2003.
3. L'organisation, depuis 2005, de dizaines d'actes violents de harcèlement
et d'intimidation, y compris d'actes dits de répudiation, est un sujet
de préoccupation particulière. Le Conseil a fait part de l'inquiétude
que lui inspirent les informations selon lesquelles certains actes de "répudiation"
ont lieu avec la complicité de la police et des forces de sécurité.
En tout état de cause, les autorités cubaines ne respectent
pas l'obligation qui leur incombe de protéger tous les citoyens. Le
Conseil a invité instamment le gouvernement cubain à prendre
sans tarder des mesures visant à mettre fin à la vague actuelle
de harcèlement et à s'efforcer d'empêcher réellement
qu'elle reprenne.
Le Conseil a fermement condamné ces actes, de même que d'autres
restrictions apportées aux droits civils et politiques fondamentaux
garantis par la Déclaration universelle des droits de l'homme et d'autres
obligations internationales en matière de droits de l'homme, auxquelles
Cuba, qui est membre de l'ONU et a signé les déclarations concernées,
a souscrit. Le Conseil a rappelé aux autorités cubaines, en
particulier, les responsabilités qui leur incombent en ce qui concerne
les droits fondamentaux que sont le libre accès à l'information,
la liberté d'expression, d'association et de réunion, la protection
de la vie privée et la garantie d'un procès en bonne et due
forme. L'UE continuera de suivre de près l'action du gouvernement
cubain en matière de droits de l'homme.
Le Conseil a rappelé que tous les membres élus du Conseil
des droits de l'homme étaient censés se conformer aux normes
les plus élevées en ce qui concerne la promotion et la protection
des droits de l'homme.
4. L'UE reprendrait avec plaisir un dialogue politique avec les autorités
cubaines. Ce dialogue devrait porter notamment sur la question des droits
de l'homme et avoir lieu sur une base réciproque et non discriminatoire.
Le Conseil a engagé le gouvernement cubain, en vue de favoriser un
dialogue positif et mutuellement bénéfique, à montrer
qu'il était prêt au dialogue en apportant des améliorations
concrètes à la situation en matière de droits de l'homme.
Le Conseil a souligné que tous les visiteurs de haut niveau devraient
faire part aux autorités cubaines des préoccupations que suscite
la situation en matière de droits de l'homme.
5. Le Conseil s'est déclaré préoccupé par le
fait que le gouvernement cubain soit revenu sur certaines réformes
menant à une timide ouverture économique. Le Conseil a déploré
que ces restrictions aient encore réduit la latitude laissée
aux initiatives économiques privées.
Le Conseil a souligné que l'UE restait prête à fournir
une coopération au développement, y compris par des projets
favorisant une croissance économique durable et une amélioration
des conditions de vie des Cubains.
6. Le Conseil a pris note de la 16e évaluation de la position commune
de l'Union européenne sur Cuba et a décidé de proroger
la suspension des mesures diplomatiques arrêtées le 5 juin 2003
jusqu'à la prochaine évaluation de la position commune, en
juin 2007.
Le Conseil a décidé d'entamer des travaux sur la définition
d'une stratégie à moyen et à long terme sur Cuba."
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