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Espagne-législatives: le socialiste Zapatero gagne, la droite progresse, les nationalismes reculent, les communistes s'effondrent

Par Christian GALLOY, directeur de LatinReporters

Second mandat de quatre ans pour José Luis Rodriguez Zapatero - Photo Inma Mesa-PSOE
MADRID, lundi 10 mars 2008 (LatinReporters.com) - L'Espagne sera gouvernée quatre ans de plus par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José Luis Rodriguez Zapatero. Vainqueur des élections législatives du 9 mars 2008, il renforce sa majorité relative, mais restera tributaire d'alliances au moins ponctuelles. Le Parti Populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy progresse, mais sa 2e place n'en est pas moins une défaite. PSOE et PP totalisent 83,75% des votes et 92% des députés. Cette force sans précédent du bipartisme s'explique par le recul du nationalisme basque et catalan, ainsi que par l'effondrement des communistes.

Multitude euphorique dimanche soir à Madrid, rue Ferraz, autour du siège fédéral des socialistes. Devant la mer ondulante de drapeaux rouges frappés des majuscules blanches "PSOE", discours de victoire de Zapatero, 47 ans: "Les Espagnols ont parlé clairement et ont décidé d'ouvrir une nouvelle étape. Une nouvelle étape sans crispation, une étape excluant la confrontation, une étape cherchant l'accord dans les affaires d'Etat".

Puis, promesse mêlée d'un aveu: "Je gouvernerai en approfondissant ce que nous avons bien fait et en corrigeant les erreurs". Enfin, à gros traits, les grandes orientations de la nouvelle législature: "Dialogue social et dialogue politique... Concrétiser les aspirations des femmes, les espoirs des jeunes et l'appui aux aînés... Assurer le maintien des engagements de l'Espagne avec l'Europe, avec la paix et avec la coopération au développement... Je défendrai avec énergie les valeurs constitutionnelles... Aujourd'hui plus que jamais, je crois en une Espagne unie et diverse, une Espagne qui vive en liberté et dans la tolérance...".

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    A cinq stations de métro de là, rue Genova, une foule de droite en liesse insultait Zapatero et acclamait Mariano Rajoy perché au balcon du siège du PP. Gauche et droite en fête au même moment au soir de la même élection est une conjonction rare en Espagne et dans le monde. Explication: "Nous sommes le parti qui a progressé le plus en voix, en sièges et en pourcentage de vote" clamait M. Rajoy. Il a promis de "ne défendre rien d'autre que les intérêts des Espagnols et de mon pays, une grande nation qui s'appelle Espagne". Mais aux côtés des larmes à peine retenues d'Elvira, sa femme à la beauté discrète, Mariano Rajoy a pris congé de ses militants sur un "Adios". Des éditorialistes madrilènes voient en cet adios, énigmatique car pouvant signifier adieu ou simplement au revoir, l'annonce d'une relève prochaine à la tête du PP après deux défaites consécutives aux législatives.

    Sous réserve de la comptabilisation des votes qu'ont pu émettre 1,2 million d'électeurs espagnols résidant à l'étranger, les socialistes récoltent 43,64% des suffrages (42,59% en 2004) et 169 députés (+5) sur les 350 de la chambre basse, soit 7 de moins que la majorité absolue. Quant au PP, qui monopolise la représentation parlementaire de la droite, il obtient 40,11% des voix (37,71% en 2004) et 153 députés (+5 aussi; un +6 paraissait possible quand la rue Genova applaudissait Mariano Rajoy).

    La forte participation au scrutin, qui surpasse légèrement 75%, est identique à celle de 2004. Il y a quatre ans, les attentats islamistes de Madrid, trois jours avant les législatives, provoquèrent l'affluence aux urnes. Drame et émotion ont également plané sur le vote cette année. Vendredi dernier, l'ex-conseiller municipal socialiste Isaias Carrasco était assassiné à Mondragon par les séparatistes basques de l'ETA. Le vote massif favorise en principe la gauche, mais cette fois la droite aussi en a bénéficié. Le PSOE ne pourra pas gouverner en ignorant le PP. L'Espagne "diverse" de Zapatero et "la grande nation" de Mariano Rajoy restent face à face. La saga autrefois funeste des deux Espagne, celle de gauche et celle de droite, n'est pas close.

    Les grands perdants du scrutin sont les alliés de M. Zapatero au cours de la législature sortante, à savoir les écolo-communistes de la Gauche Unie (IU), dont 3 des 5 députés s'évanouissent, ainsi que les indépendantistes de la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC; Esquerra sur le tableau de résultats) avec à peine 3 élus contre 8 en 2004. Le Parti nationaliste basque (PNV) grossit aussi le camp des vaincus.

    S'il ne perd qu'un élu national, 6 députés au lieu de 7, le PNV, parti qui domine le gouvernement régional basque, dégringole dans son fief de 33,72% à 27,14% des suffrages. Il est écrasé à domicile par les 38,09% du socialisme basque, désormais première force politique dans les trois provinces de la région. "C'est historique!" s'exclame Patxi Lopez, fidèle dirigeant de la succursale du PSOE de Zapatero au Pays basque. Interdits d'élection par la justice, les partis proches des terroristes de l'ETA applaudissent, eux, l'ampleur de l'abstention qu'ils avaient recommandée. Plus du tiers des électeurs basques (35,1% contre 25,03% en 2004) ont boudé les urnes.

    Au vu des résultats, le référendum souverainiste annoncé pour octobre par le président basque, Juan José Ibarretxe, notable du PNV, risque de glisser vers le royaume des songes. Et plus encore celui envisagé pour 2014 par les républicains catalans d'ERC. Néanmoins, pour étayer sa majorité relative et déjà pour reconquérir l'investiture parlementaire à la mi-avril, M. Zapatero devra négocier des appoints provenant nécessairement de la galaxie nationaliste basque et/ou catalane. Un coup de pouce des nationalistes catalans dits modérés de Convergence et Union (CyU, centre droit) suffirait. Mais, problème pour le vainqueur des législatives, la coalition de socialistes, d'écolos-communistes et d'indépendantistes républicains qui gouverne la Catalogne risquerait alors d'éclater.

    Malgré l'ampleur du bipartisme PSOE-PP, le maniement des forces centrifuges périphériques, sans même parler de la violence de l'ETA, reste donc délicat. D'autant plus que c'est en relançant la spécificité de la Catalogne, lui offrant un nouveau statut d'autonomie dont le préambule prononce le mot "nation", que José Luis Rodriguez Zapatero a décroché dans cette seule région 18 députés de plus que la droite de Mariano Rajoy. Un avantage décisif sur le plan national.

    Catalogne et Andalousie sont les grands piliers du PSOE, comme Madrid et Valence ceux du PP. Le socialiste Manuel Chaves a conquis dimanche pour quatre ans et à la majorité absolue son 6e mandat consécutif de président de l'exécutif andalou lors du scrutin régional concomitant des législatives.

    Rosa Diez, ex-députée européenne et dissidente du PSOE, est l'unique élue du nouveau parti Union, Progrès et Démocratie (UPyD). Unique quoique surprenante, car peu d'analystes prévoyaient les 303.535 voix pour cette formation lancée voici seulement six mois. Enfanté par une révolte d'intellectuels, la plupart de gauche, contre les longues et vaines négociations de M. Zapatero avec l'ETA, l'UPyD prône une réforme constitutionnelle qui définirait clairement les limites de l'autonomie régionale. Le PP ayant lui-même, lorsqu'il était au pouvoir, négocié avec le nationalisme catalan des transferts de compétences additionnelles, Rosa Diez sera peut-être aux Cortes (Parlement) la voix la plus sincère contre la surenchère nationaliste.

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