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Négociations Espagne-ETA: respect des "valeurs" de l'UE exigé par le Parti Populaire Européen (PPE)
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Mariano Rajoy, président du Parti Populaire (PP) espagnol : soutenu par le PP européen - Photo PPE |
par Christian Galloy
Analyste politique Directeur de LatinReporters
HELSINKI / MADRID, vendredi 20 octobre 2006 (LatinReporters.com)
- L'internationalisation du processus dit de paix entre l'Espagne et les
séparatistes d'extrême gauche basques de l'ETA, considérés
comme terroristes par l'Union européenne (UE), permet au Parti populaire
européen (PPE, démocrate-chrétien) d'exiger le respect,
dans ce processus, des "valeurs" de l'UE.
Dans un communiqué (texte intégral ci-dessous) diffusé
le 19 octobre à Helsinki, à l'issue de sa réunion précédant
le sommet informel de l'UE convoqué dans la ville finlandaise de Lahti,
le PPE déclare "qu'on ne doit en
aucun cas conditionner la cessation de la violence à l'obtention de
contreparties politiques, puisque ceci supposerait une violation grave des
principes et valeurs sur lesquels se fonde l'Union Européenne et spécialement
en ce qui concerne l'intégrité territoriale des États
membres".
Ni l'ETA ni José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement
espagnol et artisan du processus de paix, ne sont cités dans ce paragraphe,
mais à l'évidence l'avertissement s'adresse tant à l'une
qu'à l'autre.
A cette réunion d'Helsinki du PPE assistait Mariano Rajoy, président
en Espagne du Parti Populaire (PP), qui représente près de
40% de l'électorat espagnol et qui monopolise l'opposition à l'exécutif
socialiste de M. Zapatero. Le communiqué du
PPE se range explicitement aux côtés de M. Rajoy dans son refus
d'appuyer, dans les circonstances actuelles, des négociations entre
Madrid et l'ETA. Une solidarité d'autant plus significative que le
PPE considère avec prudence l'hostilité systématique de Mariano
Rajoy et de son parti à toute initiative de José Luis Rodriguez Zapatero,
qu'il s'agisse ou non de l'ETA.
La prise de position de l'internationale démocrate-chrétienne
européenne précède un débat intitulé "Processus
de paix en Espagne", qui se tiendra le 25 octobre prochain au Parlement européen
de Strasbourg. Cette internationalisation soutenue par les socialistes européens
est recherchée par M. Zapatero. Il espère qu'elle placera le
processus sur un point de non-retour, surpassant ainsi à la fois l'opposition
des conservateurs espagnols et le jusqu'au-boutisme de l'ETA.
Au-delà de son
"cessez-le-feu permanent"
décrété
en mars dernier, l'organisation indépendantiste ne respecte pas toutes
les conditions auxquelles le Parlement espagnol soumettait en mai 2005 l'ouverture
du processus de paix. M. Zapatero, qui a peut-être trop lié
son avenir politique à ce processus, prétend néanmoins
aller de l'avant et risque de prendre lui-même des libertés
à l'égard du mandat parlementaire.
Si le PPE va jusqu'à s'inquiéter du "respect de l'intégrité
territoriale" des pays de l'UE, c'est parce que l'ETA et son appendice politique,
le parti Batasuna, conditionnent le processus de paix à la reconnaissance
du droit à l'autodétermination d'une région qui engloberait
le Pays basque espagnol, la Navarre et le Pays basque français. Selon
ETA-Batasuna, la négociation devrait porter essentiellement, autour
d'une table politique, sur les modalités de l'exercice de ce droit
à l'autodétermination.
La libération d'activistes séparatistes emprisonnés
et la remise éventuelle des armes de l'ETA s'inscriraient dans une négociation
parallèle avec les chefs militaires de l'organisation terroriste.
Répété quasi quotidiennement dans les médias
proches des indépendantistes, ce scénario, dont Madrid tente
de faire accepter graduellement le canevas (pas nécessairement le
contenu) par une opinion publique favorable à la paix, conditionne
l'adieu définitif de l'ETA aux armes et à la violence aux résultats
de la table politique. Le mandat parlementaire octroyé à M.
Zapatero pour dialoguer avec les terroristes repose pourtant sur l'affirmation
que "la violence n'a pas de prix politique".
C'est dans ce contexte que s'inscrit le communiqué émis à
Helsinki par le Parti populaire européen. Son contenu peut faire craindre
que, malgré le souhait général de réussite d'un
processus de paix, la façon dont il est mené et les risques
d'une paix honteuse au Pays basque ne divisent bientôt autant l'Europe
qu'aujourd'hui l'Espagne.
Que l'internationalisation du dossier serve les intérêts de M.
Zapatero est donc une hypothèse incertaine, d'autant plus que les indépendantistes
applaudissent la soudaine projection européenne, qu'ils avaient toujours recherchée,
de la problématique basque. Quoiqu'aux
antipodes du communiqué du PPE, une récente et polémique
"Déclaration internationale de soutien au processus basque"
alimentait déjà le doute quant aux bénéfices pour la
démocratie de pareille internationalisation.
Texte intégral du communiqué du Parti Populaire Européen
(PPE) sur les négociations entre l'Espagne et l'ETA (Helsinki, 19 octobre 2006):
"Le Parti Populaire Européen rappelle la position exprimée
dans ses résolutions du 23 mars et du 19 septembre 2006, dans lesquelles
il a assuré qu'il n'est pas acceptable de payer un quelconque prix
politique pour que les terroristes cessent toute action violente. En ce
sens, le PPE réitère son appui au Parti Populaire espagnol
quant aux positions qu'il a maintenues sur ces négociations;
Le PPE déclare qu'on ne doit en aucun cas conditionner la cessation
de la violence à l'obtention de contreparties politiques, puisque ceci
supposerait une violation grave des principes et valeurs sur lesquels se
fonde l'Union Européenne et spécialement en ce qui concerne
l'intégrité territoriale des États Membres.
Le PPE rappelle que la bande terroriste ETA (incluant l'organisation Batasuna)
est incluse dans la liste d'organisations terroristes de l'Union Européenne
[1];
Le PPE constate, après l'annonce du cessez-le-feu de la bande terroriste
ETA, que celle-ci n'a manifesté aucune volonté de remise inconditionnelle
des armes, de dissolution définitive, de renoncement exprès
à la violence et l'intimidation ni de demande de pardon aux victimes
;
Le PPE condamne et manifeste sa profonde préoccupation pour tous
les actes d'intimidation et de terrorisme urbain qui sont perpétrés
en Espagne et qui prétendent être une mesure de pression sur
les institutions démocratiques espagnoles et sur l'État de
Droit. Le PPE appelle à la cessation immédiate de toute violence,
contrainte et extorsion et exige la remise des armes par la bande terroriste
ETA;
Le PPE réitère son appui et sa solidarité aux victimes
de la bande terroriste et aux membres de leurs familles et rappelle l'importance
de tenir compte des collectifs de victimes du terrorisme, référence
morale de nos sociétés, au moment d'entamer tout contact avec
la bande terroriste ETA.
[1] ETA-Batasuna figure dans l'annexe de la Position Commune 2001/931/PESC
sur l'application de mesures spécifiques de lutte contre le terrorisme"
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