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Ingrid Betancourt et l'échange humanitaire
Uribe contre un sommet Chavez - FARC - (Sarkozy?) en Colombie
BOGOTA / CARACAS, dimanche 16 septembre 2007 (LatinReporters.com)
- Le président colombien Alvaro Uribe s'est opposé samedi à
la requête de son homologue vénézuélien Hugo Chavez
de pouvoir rencontrer en Colombie, accompagné éventuellement
du président français Nicolas Sarkozy, le chef de la guérilla
marxiste des FARC, Manuel Marulanda. Hugo Chavez croit que cette rencontre
débloquerait un échange humanitaire de prisonniers dont bénéficierait
notamment la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, otage des FARC depuis février
2002.
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Poignée de main des présidents Hugo Chavez (à gauche) et Alvaro Uribe le 31 août 2007 à Bogota. Deux semaines plus tard, déjà des nuages. Photo Daniel Galli - Prensa Presidencial (Venezuela) |
"Ce qui a été dit ne doit pas être répété...
Ne m'obligez pas à traiter ces thèmes publiquement. Vous connaissez
ma position" a répondu le président Uribe à des journalistes
qui l'interrogeaient sur la demande d'Hugo Chavez, diffusée quelques
heures plus tôt par les médias vénézuéliens,
de pouvoir rencontrer le chef rebelle Manuel Marulanda dans la région
du Caguan, au sud de la Colombie.
Le 10 septembre, Hugo Chavez ayant déjà
déclaré qu'il serait prêt à rencontrer Manuel
Marulanda en Colombie, le gouvernement colombien avait qualifié de "non viable"
pareille "proposition éventuelle".
Lors du sommet Uribe-Chavez du 31 août dernier
à Bogota, le président colombien accepta tout au plus qu'un
émissaire des FARC (Forces armées révolutionnaires de
Colombie) soit reçu au Venezuela par Hugo Chavez. Ce dernier est reconnu
comme médiateur par la Colombie pour favoriser
un échange humanitaire de centaines de guérilleros emprisonnés
contre 45 otages des FARC, dont Ingrid Betancourt, choisis pour leur poids
politique parmi des centaines d'autres.
S'embarrassant peu des usages diplomatiques, Hugo Chavez est revenu à
la charge par une requête concrète et publique, samedi lors
d'un acte officiel dans la ville vénézuélienne de Maracay.
"Président Uribe, vous avez demandé mon aide et je veux aider.
Maintenant, aidez-moi. Devant le monde, je vous présente cette requête
formelle: permettez-moi d'aller parler avec Marulanda en Colombie... Président
Uribe, pensez-y. Qu'y perdriez-vous?" a lancé devant les caméras
de télévision Hugo Chavez, qui a reçu plusieurs messages
du chef des FARC.
"Manuel Marulanda a même déjà fixé le lieu, le
Caguan. Ce que vous [Uribe] devez faire est éloigner les forces
militaires, je ne sais, de quelques kilomètres, pour nous assurer
qu'il n'y aura pas d'incursions [de l'armée colombienne] pendant quelques
jours" a ajouté le président vénézuélien.
Et Hugo Chavez de lancer ensuite: "En plus, vous, Uribe, pourriez m'accompagner.
Plus encore, le président français [Nicolas Sarkozy] m'a dit
au téléphone, il y a quelques jours lorsqu'il m'a appelé
pour s'enquérir de l'avancement des démarches [de médiation],
que lui-même pourrait venir avec moi au Caguan pour dialoguer". [NDLR
- La France "ira chercher Ingrid Betancourt", comme elle l'a fait pour les
infirmières bulgares détenues en Libye, affirmait le 24 août
le président Sarkozy.]
Hugo Chavez s'est déclaré convaincu que l'échange humanitaire
pourrait être débloqué "rapidement par une conversation
entre chefs", en référence à un hypothétique
sommet Chavez - Sarkozy - Uribe - Marulanda.
"J'ai besoin de parler avec Manuel Marulanda pour pouvoir être utile
dans le cadre de l'accord humanitaire ... Permettez-moi d'essayer" a insisté
le président vénézuélien avant de souligner que
ses homologues du Sénégal, Abdoulaye Wade, et de la Bolivie,
Evo Morales, lui ont eux aussi exprimé leur disposition à oeuvrer
en faveur de l'échange humanitaire, y compris par leur présence
en Colombie.
Au sud du pays, le Caguan est au centre de la zone démilitarisée
de 42.000 km², grande comme la Suisse, octroyée aux FARC de novembre 1998 à
février 2002 par Andres Pastrana, prédécesseur
d'Alvaro Uribe à la présidence, pour favoriser
des négociations de paix. Les négociations échouèrent
et après la reconquête par l'armée de San Vicente del
Caguan, à l'époque capitale des FARC, Ingrid Betancourt fut séquestrée
par la guérilla le 23 février 2002 en tentant de se rendre par
la route dans cette localité. La Franco-Colombienne était alors
en campagne pour l'élection présidentielle colombienne comme
candidate d'un parti écologiste.
La requête d'Hugo Chavez de pouvoir rencontrer le chef des FARC dans
la région du Caguan indisposera d'autant plus le président
colombien Uribe qu'elle contient une demande de démilitarisation ("éloigner
les forces militaires... de quelques kilomètres... pendant quelques
jours"). Condition préalable posée par les FARC à toute
négociation d'un échange humanitaire, la démilitarisation
unilatérale (retrait de militaires, mais non de guérilleros) d'une zone de pourparlers est obstinément refusée depuis des
années par Alvaro Uribe, qui invoque l'honneur national et l'expérience
tant inutile que stratégiquement dommageable menée par Andres Pastrana.
Il est en outre difficile de croire que le président colombien, élu
à deux reprises dès le premier tour à la majorité
absolue pour sa fermeté à l'égard des FARC, puisse consentir d'emblée
à la reconnaissance internationale de fait des rebelles qui découlerait
de leurs éventuels pourparlers dans la jungle colombienne, soit sur le sol national, avec un
ou plusieurs chefs d'Etat étrangers.
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