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Pays basque - L'ETA menace l'Espagne et la France, mais veut relancer le processus de paix
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Le bulletin interne (Zutabe d'octobre 2006) dans lequel l'ETA menace l'Espagne et la France |
MADRID, samedi 4 novembre 2006 (LatinReporters.com) - Trois menaces proférées
contre l'Espagne et la France par les indépendantistes basques de l'ETA
dans leur dernier bulletin interne, le Zutabe daté d'octobre, sont
répercutées le 4 novembre par l'édition digitale du
journal Gara, proche des terroristes. L'ETA prétend néanmoins vouloir relancer le
processus dit de paix.
L'existence de ce processus mené avec le gouvernement socialiste espagnol de José Luis
Rodriguez Zapatero avait été confirmée par le
"cessez-le-feu permanent"
annoncé le 22 mars dernier par les indépendantistes.
Les trois menaces de l'ETA, qui figure sur la liste des organisations
terroristes de l'Union européenne, peuvent se résumer comme
suit:
1. "Rupture du processus" de paix s'il ne progresse pas politiquement cet
automne.
2. "Réponse", non définie, aux "attaques", sans doutes policières
et judiciaires, contre l'"Euskal Herria", expression qui englobe le Pays basque
tant espagnol que français, ainsi que la Navarre.
3. "Il faut ouvrir une nouvelle phase de lutte face à l'Etat français",
écrit textuellement l'ETA, afin que le gouvernement de Paris, à
nouveau accusé de "répression", s'implique aux
côtés de Madrid dans la solution du conflit. ("La question de
l'ETA, c'est une question espagnole" déclarait le 1er juillet dernier
à Madrid le ministre français de l'Intérieur, Nicolas
Sarkozy).
Pas de précision sur cette "nouvelle phase de lutte" ni le moindre
mot sur le vol avec prise d'otages de 350 revolvers, le 23 octobre au sud
de la France. M. Zapatero, a qualifié ce vol de "grave". Il estime,
comme la police française, qu'il a été "probablement"
commis par l'ETA.
Les terroristes séparatistes réclament des progrès immédiats
"du processus démocratique" autour d'une "table multipartite". Cela
veut dire, en clair, que les partis représentés au Pays basque,
y compris les socialistes de M. Zapatero et le parti hors-la-loi Batasuna
(considéré par la Justice comme appartenant organiquement à
l'ETA), devraient décider ensemble de "reconnaître la volonté
des citoyens basques".
Pour l'ETA, il est évident que cette volonté serait favorable
à "l'autodétermination" et à la "territorialité"
(référence à l'étendue transpyrénéenne
de l'Euskal Herria), considérées par les indépendantistes
comme "la base de la solution" du problème basque.
L'ETA met ainsi en difficulté M. Zapatero, sommé sous la menace
de faire des concessions politiques sans que
les terroristes ne s'engagent à abandonner définitivement
la violence, le "cessez-le-feu permanent" en vigueur n'ayant jamais été
un adieu aux armes. Or, le mandat octroyé en mai 2005 à M.
Zapatero par la majorité du Congrès des députés
pour dialoguer avec l'ETA réclamait "la conviction d'une volonté
claire de mettre fin à la violence". Le mandat parlementaire ajoutait
que "la violence n'a pas de prix politique et la démocratie espagnole
n'acceptera jamais le chantage de la violence".
Face à son opinion publique, M. Zapatero est acculé sur un autre point essentiel.
Toujours dans le texte publié par Gara le 4 novembre, les
indépendantistes rejettent en effet ce qu'ils appellent "la limite
de la Constitution espagnole" posée par le chef du gouvernement. Le
29 juin dernier, M. Zapatero déclarait solennellement que, dans le
cadre du processus de paix, le gouvernement espagnol
"respectera les décisions qu'adopteront librement les citoyens basques",
mais dans le respect "des normes et procédures légales" et en
particulier de la Constitution. Médias et personnalités nationalistes
et indépendantistes basques manifestaient alors une euphorie ne s'embarrassant
pas de cette condition.
Et comme si elle voulait dénuder totalement M. Zapatero, l'ETA prie
son gouvernement "de respecter les engagements qu'il a adoptés pour
mettre fin à la répression et aux attaques". Madrid a toujours
nié l'existence de tels engagements. Ils seraient anticonstitutionnels,
l'exécutif ne pouvant mettre en veilleuse la Justice. Ils signifieraient
aussi qu'existe déjà une négociation politique non reconnue
par M. Zapatero et contraire, dans les circonstances actuelles, au mandat parlementaire
sur le processus de paix.
Après ces reproches et menaces, la disposition manifestée
par l'ETA de "faire un nouvel effort sur le chemin de la négociation"
pour éviter la rupture du processus de paix ne peut logiquement signifier
autre chose que le maintien de son
cessez-le-feu.
Logiquement aussi, un refus de se plier aux exigences politiques des
indépendantistes pourrait déboucher sur la reprise de leurs
attentats, qui ont fait depuis 1968 quelque 850 morts, plus de 2.300 blessés
et des dégâts matériels évalués par la
justice à 12 milliards d'euros.
Les victimes de l'ETA ont été frappées, pour plus de 95% d'entre elles,
après la mort de Franco (novembre 1975) et le rétablissement en Espagne d'une
démocratie qui permet au Pays basque de jouir de la plus large autonomie financière,
administrative et politique de son histoire. La revendication de l'indépendance y est
tolérée même sur le plan électoral si elle ne s'appuie pas sur
l'assassinat politique ou toute autre forme de violence.
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